Professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Strasbourg, (C) (★ Thiers, Puy de Dôme, 10.2.1885 † Thiers 7.10.1965).
Fils d’Albert Claude Émile Bounoure, pharmacien (★ Issoire 19.9.1852), et d’Augustine Bounoure (★ Issoire 30.1.1860), fille d’imprimeur. ∞ 17.9.1912 à Bonny, Loiret, Jeanne Alexandrine Langumier, professeur de lycée (★ Isdes, Loiret, 8.11.1889), fille d’Alexandre Langumier, instituteur. Après des études secondaires et supérieures à Clermont-Ferrand, l’obtention de l’agrégation des sciences naturelles en 1908 et la soutenance de sa thèse de doctorat d’État (1) en 1919 devant l’Université de Paris, Bounoure fut appelé cette même année à Strasbourg en qualité de maître de conférences aux côtés du zoologiste Auguste Bataillon, premier titulaire de la chaire de biologie générale nouvellement créée. Dès son arrivée à Strasbourg il donna à ses recherches scientifiques une orientation nouvelle par ses études sur l’origine des cellules sexuelles primordiales chez la grenouille. Ses travaux apportèrent pour la première fois chez les vertébrés la démonstration de l’existence d’une catégorie particulière de cellules, décelables dès le début du développement de l’organisme et destinées à former les gamètes qui relient les générations successives. Cet ensemble de cellules, ou germen, forme une véritable lignée, dite germinale, qui se distingue par son « immortalité », de toutes les autres cellules du corps ou soma disparaissant à la mort de l’individu. Les mérites scientifiques de Bounoure, attestés par plusieurs importants mémoires (2,3), lui valurent d’accéder en 1933 à la chaire de biologie générale. La notion si féconde de continuité germinale, impliquant celle de continuité de l’espèce, l’amena à aborder les grands problèmes de la biologie sous leur aspect philosophique. Dans plusieurs ouvrages sur la propagation de la vie (4,5,6,7) il affirma la finalité de l’être sexué et reconnut le choix avantageux adopté par la nature pour la détermination du sexe. L’immortalité de la vie avec, comme corollaire, l’immortalité de la forme, c’est-à-dire le maintien à travers les générations des caractères morphologiques, est, dans ses dernières œuvres (8,9), l’idée maîtresse qui conduisit Bounoure à la notion de fixité des espèces. Hanté par le mystère essentiel de la vie et, selon ses propres termes, par les « formes spirituelles de la vie humaine », il s’y affirmera clairement en tant que biologiste finaliste. Durant toute sa carrière professorale il a exercé, par des cours d’une grande clarté et d’un style admirable, un attrait toujours renouvelé sur ses étudiants. Il a, par ailleurs, inlassablement suivi le progrès de la biologie, dont il a su rendre compte dans de brillantes synthèses (10). Chevalier de la Légion d’honneur.
1) Aliments, chitine et tube digestif chez les coléoptères, Paris, 1919 ; 2) « L’origine des gonocytes et l’évolution de la première ébauche génitale chez les Batraciens », Ann. Sc. nat., Bot. et Zool., 10e sér., 8, 1925, p. 201-278 ; 3) « Recherches sur la lignée germinale chez la grenouille rousse aux premiers stades du développement », Ann. Sc. nat., Bot. et Zool, 10e sér., 17, 1934, p. 67-248 ; 4) L’origine des cellules reproductrices et le problème de la lignée germinale, Paris, 1939 ; 5) Continuité germinale et reproduction agame, ibid, 1940 ; 6) Reproduction sexuelle et histoire naturelle du sexe, Paris, Bibliothèque de philosophie scientifique, 1947 ; 7) Hérédité et physiologie du sexe, ibid., 1948 ; 8) L’autonomie de l’être vivant, Essai sur les formes organiques et psychologiques de l’activité vitale, Paris, 1949 ; 9) « Les cellules ont-elles une âme ? Ou le néo-finalisme vu par un biologiste finaliste », La Revue scientifique, n° 3321, 91, 1953, p. 46-61 ; 10) « Les progrès récents de l’endocrinologie des arthropodes », Sciences, n° 19-20, 1962, p. 23-41.
P. Bellocq, « Hommage au professeur Louis Bounoure », Arch. d’anat., d’hist. et d’embryol, 37, n° 4-8, 1954, V-XIV.
François Schaller (1984)