Professeur d’histologie, créateur de l’endocrinologie sexuelle, (C) (★ Vendresse, Ardennes, 11.6.1870 † Vendresse 5.2.1962).
Fils et petit-fils de vétérinaires, Bouin entreprit ses études médicales à Nancy. Il y devint successivement préparateur d’histologie (1892), chef des travaux d’histologie et docteur en médecine (1897), professeur agrégé d’anatomie (1898). Professeur titulaire d’histologie et d’anatomie pathologique à l’École d’Alger en 1907, il fut nommé à la chaire d’histologie de la faculté de Nancy (1908), puis à celle de Strasbourg en 1919 où il acquit une réputation mondialement confirmée. À son intention, la Fondation Rockefeller prit en charge la construction d’un nouvel institut (1927). Selon son propre témoignage, deux ordres de recherches dominent sa carrière universitaire, qui concernent l’histologie générale et la morphologie expérimentale. Sous la direction de Prenant, de Nancy, ses premières études histologiques et cytologiques se sont adressées aux cellules nerveuses ; avec son frère Marcel, il mit ensuite en évidence des formations désignées sous le nom d’« ergatoplasme » dans le cytoplasme des cellules reproductrices, végétales et animales ; enfin, il entreprit des recherches sur la spermatogénèse chez les myriapodes. Touchant la morphologie expérimentale, ses travaux, conduits avec Ancel, avec lequel il fut lié d’amitié durant trente ans, ont porté sur l’appareil sexuel mâle et femelle. Ils ont permis de conclure que « la glande intersticielle peut être considérée comme la source de la sécrétion interne testiculaire » et qu’« elle seule assure la fonction masculinisante ». Du point de vue de l’appareil sexuel féminin, les recherches ont porté sur la physiologie ovarienne, notamment sur la signification du corps jaune progestatif, sur les phases du cycle oestrien et leur déterminisme particulier, sur le contrôle lutéinique de la grossesse, sur la transplantation des récepteurs, sur la montée laiteuse. L’ensemble de ces travaux, les discussions qu’ils ont suscitées, ont conduit à la découverte consécutive de la progestérone (Corner et W. Allen, 1929) et à l’endocrinologie sexuelle en général. Du point de vue technique, il laissa son nom à un liquide conservateur. Distinctions : commandeur de la Légion d’honneur ; membre de l’Académie des Sciences, de celle de Médecine et de l’Académie royale belge de Médecine. Lauréat de nombreux prix, Bouin fut l’un des fondateurs de la Caisse nationale des Sciences, présentement C.N.R.S., qui lui attribua la médaille d’or en 1961. Parmi ses nombreux élèves, dont il stimula les travaux, il faut évoquer les noms prestigieux de R. Collin, Courrier, Benoit, Max Aron, Et. Wolff, Marc Klein.
En dehors des nombreuses publications qui s’échelonnent entre 1894 et 1936, il faut citer les ouvrages didactiques suivants : Traité d’histologie, t. I ; avec A. Prenant et L. Maillard, Cytol. gén. et spéciale, Paris, 1904, t. Il ; avec A. Prenant, Histologie et anat. microscopique, Paris, 1911 ; Eléments d’histologie, t. I, Paris, 1929 ; t. Il, ibid., 1932.
Exposé des travaux scientifiques de P. Bouin, Clermont-Ferrand, 1944 ; R. Courrier, Notice sur la vie et les travaux de Pol Bouin, 1962 ; M. Klein, « Pol André Bouin », Dict. of scientific biogr., t. Il, New-York, 1970, p. 344-346.
Théodore Vetter (1984)