Ordonnier, homme politique socialiste, (C) (★ Unteröwisheim, près de Bruchsal, Bade, 2.3.1866 † Sasbachwalden, près d’Achern, 23.2.1939). ∞ 19.10.1891 Magdalena Volz, de Gambshurst près d’Achern. Boehle s’établit à Strasbourg à partir d’octobre 1888. A 24 ans, le 5.10.1890, il fut élu délégué (Vertrauensmann) de la section strasbourgeoise du parti socialiste. Il anima en 1890 la première campagne électorale pour les prudhommes qui fut remportée par les syndicalistes socialistes (1890). Il anima de même la première campagne électorale du Parti socialiste aux élections municipales de Strasbourg où apparurent les programmes du socialisme municipal (1891). Il sut faire siennes des revendications particulières des Alsaciens, par exemple : la revendication d’une école bilingue figure dans le programme du parti socialiste dès 1896, au scandale des nationalistes allemands. Boehle fonda en 1893 la première Union locale des syndicats libres (Gewerkschaftskartell) de Strasbourg. L’Union locale domina désormais la vie syndicale de Strasbourg, en en faisant une des localités les plus avancées de l’Empire sur le plan social. Le premier, Boehle pratiqua l’alliance avec l’aile gauche du libéralisme strasbourgeois et fut élu enfin conseiller général de Strasbourg-Est (1896). La même année, il fut aussi le premier conseiller municipal socialiste de Strasbourg. Il mit en œuvre la politique qui devait faire du parti socialiste le premier parti de la ville, et de la fraction socialiste la plus importante du Conseil. Alliée aux démocrates et soutenant les programmes des fonctionnaires modernistes de la municipalité, Schwander ©, von der Goltz, Boehle et la fraction socialiste influèrent de façon déterminante sur la politique d’aménagement de la ville, la politique du logement, la politique sociale et sanitaire. À partir de 1900, Boehle partagea avec Peirotes ©, dirigeant du groupe socialiste au Conseil général, la direction du parti socialiste strasbourgeois. C’est pourtant Boehle qui fut élu député de Strasbourg au Reichstag en 1907… Il le resta jusqu’en 1918. Il fut élu député au Landtag d’Alsace-Lorraine en 1911. Énergique, bon organisateur et bon orateur, Boehle est l’un des artisans de l’implantation du socialisme en Alsace. Plus encore, très jeune, il a su l’intégrer dans la vie politique alsacienne, et la politique de l’alliance avec les démocrates qu’il a pratiquée dès le début de sa carrière politique, a été un élément essentiel de la modernisation de la vie politique alsacienne, et de ses thèmes. Comme d’autres socialistes alsaciens d’origine allemande, Boehle vira au nationalisme le plus outrancier pendant la première guerre mondiale. Il fut sous-secrétaire d’État dans la dernière tentative de gouvernement parlementaire d’Alsace-Lorraine (Schwander-Hauss) et essaya encore d’utiliser les Comités de soldats et d’ouvriers de la brève République conseilliste de Strasbourg (novembre 1918) au profit de la politique allemande. Il quitta Strasbourg le 6.12.1918, et s’établit à Sasbachwalden, où il n’eut plus d’activité politique.
J. Brom, Regierung und Landtag von Elsass- Lothringen 1911-1916, I ; Legislaturperiode, Biographisch-statistiches Handbuch, Mulhouse, 1912 ; F. Igersheim, L’insertion de la social-démocratie dans la vie politique strasbourgeoise, 1966 ; J.C. Richez, Novembre 1918 en Alsace, 1979 ; F. Igersheim, Histoire de Strasbourg, t. IV, 1982, « Le gouvernement de la cité ».
François Igersheim (1984)