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BLARRU (ou BLARU, ou BLANCRUPT) Pierre de

(★ 1437 † 1510), humaniste, chanoine de Saint-Dié. P. de Blarru fut l’un des esprits distingués qui contribuèrent au rayonnement intellectuel de la collégiale. Il y fit la connaissance d’un des humanistes alsaciens les plus doués, Mathias Ringmann, que la réputation du «Gymnase», créé par le secrétaire de René II, duc de Lorraine, avait attiré dans la cité vosgienne. Quand l’œuvre la plus importante de Pierre de Blarru, la Nancéide – qui chantait en vers latins la victoire de René II sur Charles le Téméraire – fut publiée en 1518, huit ans après la mort de son auteur, les éditeurs y firent figurer, en guise d’épitaphe, les distiques composés par Ringmann pour saluer la mémoire du poète disparu. E. Sitzmann, à la suite de Dom Calmet, de l’abbé Grandidier, de M. Beaupré, d’U. Chevalier, a fait de P. de Blarru. Un Alsacien. Celui-ci, en effet, se dit Parisiertsis dans le titre de sa Nancéide. Si cet adjectif évoque non pas Paris, mais Pairis, l’abbaye cistercienne, sise dans le val d’Orbey, Blarru peut être la déformation de Blancrupt, un hameau proche de Pairis. Cette interprétation n’a pas été retenue par M. P. Marot, dans l’histoire de Lorraine, publiée sous la direction d’A. Gain, en 1939.

Des recherches effectuées dès avant 1900 par C. Couderc ont conduit cet érudit à placer le lieu de naissance du poète à Blaru, dans les Yvelines, tout près de Bonnières-sur-Seine. Pierre y aurait vu le jour en 1437 ; il obtint la maîtrise ès arts en 1456, à l’Université de Paris, puis il se rendit en Anjou. Le duc René II qui faisait partie de la maison d’Anjou, rencontra dans cette province P. de Blarru qu’il prit à son service et dont il facilita la carrière ecclésiastique. Observons que la lettre d’indulgence, que M. Beaupré cite à l’appui de sa thèse, ne concerne vraisemblablement pas un hospice rattaché à l’abbaye de Pairis – qui, au début du XVIe siècle était trop affaiblie pour entretenir un établissement charitable -, mais l’Hôtel-Dieu (domus Dei) de Paris. Il apparaît peu probable au total, que l’Alsace puisse considérer Pierre de Blarru comme l’un de ses fils.

Dom A. Calmet, Histoire de Lorraine, Nancy, 1745, p. LXXXIII ; M. Beaupré, Recherches sur les commencements et les progrès de l’imprimerie dans le duché de Lorraine, le duché de Bar et les villes épiscopales de Toul et Verdun, Nancy, 1842, p. 37-51 ; J. Rouyer, De Pierre de Blarru et de son poème, la Nancêide, Nancy, 1876 ; id., Nouvelles recherches sur Pierre de Blarru, Nancy, 1888 ; A. Collingnon, De Nanceide de Blaro Rivo Parisiensi, Nancy, 1893 ; Ph. Grandidier, Nouvelles œuvres inédites, t. II, Fragments d’une Alsatia litterata, Colmar, 1898, p. 59 ; C. Couderc, Œuvres inédites de Pierre de Blarru et documents sur sa famille, Le bibliographe moderne, 1900, p. 3-29 ; P. Marot, « La Renaissance », Histoire de Lorraine, A. Gain, dir., Nancy, 1939, p. 365.

Francis Rapp (1984)