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BISCHOFF Georges Marie Henri Cerneuf

Historien, universitaire et publiciste (C) (★ Guebwiller 30.5.1950).

Fils de Richard Bischoff, pharmacien, et de Madeleine Wetterwald, fille de Charles Wetterwald ©. ∞ 1988 à Ingersheim Danielle Rey-Gorrez, professeur; 2 enfants. Études secondaires au lycée de Guebwiller, supérieures à l’Université de Strasbourg. Georges Bischoff est issu d’une famille solidement enracinée à Guebwiller, passionnée d’histoire et notamment représentée par l’aïeul Charles Wetterwald ©, publiciste fécond, collaborateur de la Revue d’Alsace, co-fondateur de l’Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, créateur et premier conservateur du musée du Florival. Le passé complexe de Guebwiller, jadis chef-lieu des possessions de l’abbaye de Murbach, fit l’objet des premières recherches historiques de G. Bischoff, stimulé par des historiens régionaux tels que Joseph Baumann, Marc Drouot, Pierre-Paul Faust, et par ses amis de la Société d’histoire et du musée du Florival, association dont il fit partie du comité durant de nombreuses années. L’amitié du directeur des Archives départementales du Haut-Rhin, Christian Wilsdorf ©, et le rayonnement de ses maîtres strasbourgeois Georges Livet © et Francis Rapp ©, l’incitèrent à ouvrir ses perspectives en s’orientant vers l’histoire du Moyen Age et des débuts des Temps modernes, et en s’impliquant davantage dans la vie de la cité. C’est pourquoi il mena de front une carrière de pédagogue centrée sur le patrimoine historique de sa région, des recherches universitaires axées sur les relations entre gouvernants et gouvernés voire plus globalement sur le thème du pouvoir et de la société (Guerre des Paysans, noblesse, genèse du sentiment national), et une activité militante au sein de divers organismes. Après avoir présenté son mémoire de maîtrise en 1974, il devint professeur agrégé d’histoire en 1975 et exerça d’abord dans l’enseignement secondaire à Mulhouse, puis à Colmar. Docteur de 3e cycle en 1981, il rejoignit en 1988 l’Université des sciences humaines de Strasbourg (Université Marc Bloch) en tant que maître de conférences. Docteur ès lettres en 1996, il fut nommé l’année suivante professeur d’histoire du Moyen Age. En 1995, il a mis en place une formation continue Langue et Culture régionales sur deux ans destinée aux professeurs enseignant cette option, suite aux dispositions prises par le recteur Deyon © de 1982. Membre du comité directeur de la Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace de 1979 à 2001, il siégea à la commission de rédaction du Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne (dont il compta aussi parmi les principaux auteurs de notices), et fut aussi et surtout durant une vingtaine d’années, à partir de 1982, le rédacteur en chef de la Revue d’Alsace. Parallèlement, G. Bischoff est depuis 1990 l’un des collaborateurs les plus proches de Bernard Reumaux dans l’équipe des Saisons d’Alsace. L’un des meilleurs connaisseurs de la période 1450-1550, dont il renouvelle la connaissance par une recherche de sources très « décloisonnée », G. Bischoff ne fait pas moins preuve d’une culture historique véritablement encyclopédique, alliée à un sens aigu de la communication. Ainsi, à côté de recherches qui contribuèrent par exemple à restituer la place du peintre Mathis Grünewald © dans l’environnement rhénan des années 1515 et 1525, GB. put-il également s’affirmer dans le domaine de l’archéologie industrielle ou proposer une lecture décrispée de l’artiste patriote Hansi ©. Par ailleurs son œuvre d’essayiste donna lieu à de nombreuses publications sur l’identité de l’Alsace, son historiographie et ses grandes figures. Maniant à l’occasion le trait d’esprit, volontiers adepte du raccourci signifiant et de la métaphore insolite, G. Bischoff inventa par exemple la notion de « colmarianité » ou la formule des « 5 C » (cathédrale, colombage, coiffe, choucroute, cigogne), égratignant au passage les comportements « identitaires » douteux ou la « pensée unique » opportuniste. Au total, ce parcours atypique et multiforme contribua à faire de G. Bischoff un historien particulièrement original et attachant dans le paysage intellectuel de l’Alsace contemporaine.

 

G. Bischoff (qui publia également sous des pseudonymes tels que Henri Searing et Serge Lepisco) est l’auteur de centaines d’articles, notices de dictionnaires, comptes rendus parus en France et à l’étranger. Parmi ses principaux travaux, on peut citer: Recherches sur la puissance temporelle de l’abbaye de Murbach (1229-1525), Strasbourg, 1975 ; collaboration au Dictionnaire des châteaux de la France, vol. Alsace, sous la direction de Roland Recht, Paris, 1980 ; collab. au Dictionnaire des communes du Haut-Rhin, sous la direction de Raymond Oberlé et Lucien Sittler, 3 vol., Mulhouse, 1980-1982 ; Gouvernés et gouvernants en Haute-Alsace à l’époque autrichienne. Les États des pays antérieurs des, origines au milieu du XVIe siècle, Strasbourg, 1982 ; « Le Musée imaginaire de l’industrie en Haute-Alsace », introduction au recueil de lithographies de Jean Mieg, Les Manufactures du Haut-Rhin (1822-1825), Strasbourg, 1982, p. 17-88; collaboration à l’Histoire de Colmar, sous la direction de Georges Livet, Toulouse, 1983 ; collab. à l’Histoire de Belfort des origines à nos jours, sous la direction d’Yvette Baradel, Roanne, 1985, p. 57-122 ; introduction et commentaire pour Jean-Jacques Waltz (Hansi), Tours et portes d’Alsace, Paris, 1989 ; Grünewald, le maître d’Issenheim, Tournai, 1996 (en collaboration avec Pantxika Béguerie) ; Un finistère de l’Alsace autrichienne (1226-1563), Belfort. Forteresse royale. Citadelle républicaine, Thionville, 1997, p. 29-48 ; Histoire d’Alsace (album illustré), Strasbourg, 2001 (en collaboration avec Jacques Martin et Christophe Simon) ; « L’art de la dérision et le génie de l’impertinence », introduction à la réédition de Hansi, Professor Knatschke, Mulhouse, 2002, p. 7-22 ; Alsace imaginaire, Strasbourg, 2004.

Jean-Marie Schmitt (2004)