Typographe, écrivain et militant politique (★ Strasbourg 14.10.1815 † Strasbourg 31.7.1864).
Fils d’un garçon-batelier, Bernhard perfectionna ses connaissances acquises à l’école élémentaire par de longues lectures. Incorporé dans un régiment de chasseurs, il participa à la conquête de l’Algérie. Il y composa des chants guerriers et des descriptions publiés après son retour en 1848 sour le titre Erinnerungsblätter aus Algerien. Il exerça son métier de compositeur-typographe et rédigea des articles politiques dans l’Indicateur pour la Ville de Strasbourg, feuille d’affiches qui appartenait à © Philippe-Albert Dannbach. Il adhéra au parti démocrate-socialiste fondé par Émile Kuss © et ses amis. Ceux-ci lancèrent deux journaux politiques. B. entra à la rédaction de la feuille hebdomadaire Der Rheinische Demokrat. Il signa en particulier l’article du 21.2.1851 qui réclama la séparation de l’Église et de l’État ainsi que l’établissement de l’instruction générale et laïque. La crise du parti montagnard à Strasbourg provoqua une scission au sein du journal. Bernhard suivit Emile Kuss et collabora à la Niederrheinische Volksrepublik. Il se chargea du feuilleton du journal et le consacra à la guerre des paysans. Bernhard puisait ses idées dans l’ouvrage du Dr. Zimmermann. Il composa plusieurs poèmes d’inspiration politique. Le parti montagnard soutenait la formation d’associations ouvrières. Bernhard fonda La Cordiale, caisse de secours mutuels, pour procurer des médicaments aux ouvriers malades ou infirmes. L’association prospéra et survécut à son créateur. En 1854-55 il publia dans l’Indicateur du Bas-Rhin des écrits qui parurent sous le titre de Strossburjer Wibble (Strasbourg, Dannbach, 1856) avec deux comédies en un acte E korriosi Küehlung et Wurst widder Wurst. Il eut l’idée d’acquérir l’imprimerie Dannbach à la fin de 1855 et sollicita un brevet d’imprimeur auprès de l’administration. Il fit paraître Gedichte eines Strassburgers en 1860. Il s’associa alors à L. Fuhrer pour diriger pendant deux ans une feuille illustrée par F. Mathis, Der Hans im Schnokeloch (Jean du Trou-des-Cousins), qui lui valut de nombreuses inimitiés. Après avoir édité des Nâvelnéji Strossburjer Hélje, feuilles de chansons et de poèmes, illustrées et parfois coloriées, il eut l’idée en 1863 de lancer une feuille hebdomadaire pour promouvoir un nouvel état d’esprit face à la religion. La lecture de Renan lui avait donné l’idée du Volksbarbier qui n’eut que trois numéros. Bernhard collabora aussi au Elsässische Samstagsblatt rnulhousien. L’année de sa mort, il écrivit une comédie en quatre actes, Der Steckelburjer, dont le texte fut imprimé en 1871. Une terrible affection de poitrine assombrit la fin de sa vie et aigrit son caractère. Bernhard avait soutenu le parti montagnard par conviction d’œuvrer pour le bien de l’humanité. Fr. Otte © le rappela courageusement dans le Samstagsblatt du 12.11.1864. On peut admettre que le dialogue, Association und Brod. – Ein Gespräch, imprimé chez Dannbach, soit de sa plume.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, 1909, I, p. 136-137 ; J.-P. Kintz, Journaux politiques et journalistes strasbourgeois sous la Seconde République et à la fin du Second Empire. Strasbourg, 1970, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Thèse de doctorat en journalisme, 659 + 188 p ; multigr.
Jean-Pierre Kintz (1983)