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BECK François-Henri

Prêtre (★ Villé 1.5.1740 † Ribeauvillé 13.1.1828).

La carrière de l’abbé Beck est une parfaite illustration du rôle de Strasbourg comme citadelle de l’ultramontanisme à une époque où les pays rhénans sont travaillés par les idées de l’Aufklärung, de Fébronius et par la politique religieuse de Joseph II. D’abord professeur de philosophie au collège royal de Strasbourg en 1765-1768 (donc aussitôt après l’expulsion des jésuites), puis directeur du collège de Metz (1768-1773), F. H. Beck fut appelé à la cour de Clément- Wenceslas de Saxe, archevêque électeur de Trèves, et devint le confesseur du prélat. Très vite, il s’imposa auprès de ce dernier et dirigea les affaires ecclésiastiques de l’électorat. Il commença par s’en prendre à l’influence et à la personne de l’évêque suffragant, Nicolas de Hontheim (Fébronius) qui fut contraint de se rétracter et de se retirer en 1778. Pour le remplacer, c’est à un Strasbourgeois que l’archevêque fit appel, Joseph Marie d’Herbain, supérieur du grand Séminaire. L’abbé Beck devenu chanoine de Saint-Paulin, grand vicaire d’Augsbourg (l’autre évêché de Clément-Wenceslas) et prélat domestique de Sa Sainteté est au faîte de sa puissance.

Conseiller intime de l’électeur qui « n’agissait, ne parlait et ne pensait que d’après lui » il poussa celui-ci à s’opposer vigoureusement aux mesures concernant le Religion de l’empereur Joseph II. Les « Lettres à l’empereur » rédigées très vraisembablement par Beck pour le compte du prince archevêque provoquèrent émoi et scandale dans tout l’Empire. Elles entraînèrent aussi la disgrâce de l’abbé Beck, contraint, en 1783, de permuter son canonicat de Trèves contre une prébende du Grand-Chœur de Strasbourg. Il se trouvait dans cette dernière ville au début de la Révolution et c’est lui qui organisa le transfert du Grand-Chœur à Offenbourg (1791). De là il passa, en 1794, à Augsbourg où il avait conservé des amitiés et où il eut l’idée de créer un séminaire pour les jeunes clercs français. Il établit celui-ci à Wolsau en Franconie (1796), mais rencontra de grosses difficultés. Rentré en Alsace sous l’Empire, il soutint, au besoin de ses deniers, les ex-jésuites, puis les Rédemptoristes. Il fut sans doute, à l’origine de la venue, en 1821, du P. Mac Carthy, l’un des fondateurs de la célèbre Congrégation, qui prêcha à la cathédrale. À sa mort, l’ouverture de son testament donna lieu
à Colmar à un « procès historique » car l’on suspecta celui qu’il avait désigné pour héritier d’être un prête-nom des jésuites (1829).

J. Gass, Strassburger Theologen im Aufklärungszeitalter (1766-1790), Strasbourg, 1917 et plusieurs articles du même parus dans Rev. Cath. d’Alsace, 1923 et 1924 ; L. Just, « Elsässisch-rheinische Beziehungen zur Zeit der Aufklärung, der Revolution und des Empire », Elsass-Lothringisches Jahrbuch, 1928 ; L. Just, « Der Widerruf des Febronius in der Korrespondenz des abbe Franz Heinrich Beck mit dem Wiener Nuntius Guiseppe Garampi », Beiträge zur Geschichte der Reichskirche in der Neuzeit, Heft 3, 1960 ; G. Livet : Recueil des Instructions aux ambassadeurs et ministres de France, XXVIII T. 3 (électorat de Trèves), Paris, 1966 ; P. Leuilliot : L’Alsace au début du XIXe siècle, 3 vol., Paris, 1960.

Louis Châtellier (1983)