Typographe, militant républicain socialiste (★ Strasbourg 25.2.1814 † Strasbourg 23.3.1891).
Fils de journalier, Bastian apprit le métier de compositeur. Membre du parti démocrate, il assuma officiellement la fonction de gérant responsable à partir du 29.9.1849 du Démocrate du Rhin, journal fondé l’année précédente par © Gustave Klotz et © Émile Kuss. Celui-ci était alors en détention pour avoir organisé à Strasbourg la journée révolutionnaire du 14 juin 1849. Les rédacteurs et le gérant du Démocrate furent plusieurs fois condamnés dans des procès intentés par l’administration française et celle du grand-duc de Bade ou par des particuliers ; Bastian le fut au moins cinq fois avant la proclamation de l’Empire en 1852. Cette répression entraîna des remplacements à la gérance. Contrairement à © P.-C. Bessé, Bastian resta au journal après la crise, sur le plan local, du parti montagnard en 1850. Avec © Louis Lehr, il devint gérant responsable du Démocrate du Rhin de 1850 et du Rheinische Demokrat publiés à partir du mois d’octobre 1850. © Ferdinand Flocon, ancien membre du gouvernement provisoire, fut rédacteur en chef de l’édition bilingue tandis que © C. Boesé s’occupa activement de la feuille allemande. Un procès de presse engagé devant un tribunal de police correctionnelle de Paris explique l’absence de Bastian des manifestations organisées à Strasbourg contre le coup d’État perpétré par le prince-président le 2.12.1851. Les principaux rédacteurs des deux journaux et meneurs du parti furent condamnés à la «transportation en Algérie». Etroitement suveillé par la police impériale, le nom de Bastian figure sur une liste de républicains alsaciens dressée à l’époque de l’Empire autoritaire. L’administration préfectorale reconnut en 1859 que « sa morale et celle de sa famille étaient excellentes ». B. s’adonnait alors à nouveau à la presse républicaine. La gérance de I’Elsässisches Volksblatt lui avait été confiée. Cette feuille populaire, fondée à Mulhouse en 1868 par © L. L. Bader, fut publiée à Strasbourg à partir du mois de septembre 1869. Ce journal qui prétendait être une continuation de celui de Mulhouse avait été lancé à Strasbourg, sinon par © Émile Kuss, du moins par ses amis politiques dont © Jacques Kablé qui en fut le principal directeur. Le Volksblatt défendait les idées de l’opposition radicale ; il conseilla aux lecteurs de voter non lors du plébiscite de 1870. Son patriotisme le fit interdire par l’administration allemande le 25.1.1871. Bastian a signé de nombreux articles en qualité de rédacteur-responsable.
Archives Nationales – BB 30 366 et 389 et F 18 493. Archives départementales du Bas-Rhin – 3 M 79 (29.4.1849) et Série T. Presse locale politique.
J.-P. Kintz, Journaux politiques et Journalistes strasbourgeois sous la Seconde République et à la fin du Second Empire. Thèse de doctorat en journalisme, Strasbourg, Fac. des Lettres, 1970, 659 et 188 p ; multigr. ; J.-P. Kintz, Journaux politiques et journalistes strasbourgeois sous le Second Empire (1852-1870). Publ. de la Soc. Sav. d’Alsace et des Régions de l’Est. Coll. Recherches et Documents, T. XX, Strasbourg, Istra, 1974, 163 p ; A. Heit, Elsässische Publizistik im Jahre 1848, Coll. Europaïsche Hochschulschriften, Reihe III, 39, Frankfurt a.M., 1975, 591 p.
Jean-Pierre Kintz (1983)