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BARTENSTEIN Jean Christophe

Baron (de), diplomate et homme d’État (P) puis (C) (★ Strasbourg 23.10.1690 † Vienne 6.8.1767).

Fils de Jean Philippe Bartenstein, professeur de philosophie et recteur du Gymnase et d’Elisabeth Artopaeus, fille du directeur du Gymnase. ∞ Maria Cordula Holler von Doblhoff, (1725) ; 3 filles et 2 fils, dont Joseph Philippe Christophe (1726-1804), vice-président du Reichshofrat. Des recherches récentes témoignent du rôle déterminant de la formation juridique et philosophique « strasbourgeoise » de Bartenstein, d’autant plus que Bartenstein est un pur produit du milieu universitaire de cette ville : on décompte une douzaine de professeurs dans sa parenté proche. À la Faculté de Droit de Strasbourg les adeptes du célèbre Grotius militent avec l’oncle de Bartenstein, qui préside aussi sa thèse, le professeur Jean Henri Boeder, pour un droit moderne fondé sur la raison et non sur la volonté d’un prince. Cet idéal juridique et politique correspond au combat que mène G. W. Leibniz, avec lequel le jeune Bartenstein est en correspondance suivie. Dans cet esprit Bartenstein prononce et publie, à Strasbourg, un « Discours » en langue latine sur la décadence de la vie juridique de son temps et exhorte les intellectuels « Argentina » à lutter pour un droit renouvelé. En 1710 Bartenstein se rend à Paris, puis, en 1714 à Vienne avec des lettres de recommandation des bénédictins de Saint-Maur. Ayant abjuré le protestantisme, il fut nommé conseiller impérial dès 1715, et devint grâce à ses talents, conseiller du gouvernement de la Basse Autriche et chargé des affaires de l’administration intérieure.

Baron de l’Empire, conseiller aulique à la chancellerie impériale (1726), il conquit l’estime et la sympathie de l’empereur Charles VI. Geheimer Staatssekretär à partir de 1733, il dirige la politique extérieure autrichienne et prône une alliance avec la France. Après la mort de l’empereur (1740), il aide puissamment Marie-Thérèse dans les moments très difficiles du début du règne et l’appuye contre ses ennemis, surtout contre le roi de Prusse, Frédéric II. Elle a pu dire plus tard que sans lui « tout aurait péri » (ohne seiner wäre alles zu Grunde gegangen). Remplacé en 1753 dans la politique extérieure par Kaunitz, il est nommé conseiller intime et vice-chancelier, directeur des archives secrètes de la maison impériale. Chargé souvent de missions spéciales, il déploie une grande activité dans l’administration intérieure de l’Empire. Grand travailleur, d’une érudition phénoménale, fort énergique, mais intransigeant et brusque, il eut de nombreux ennemis, mais ne cessa de rendre de grands services et fut un serviteur fidèle des Habsbourg. Il termina sa carrière comme précepteur du futur empereur Joseph II, pour lequel il composa un Compendium historique en 14 volumes et 6 volumes de compléments. L’élément « strasbourgeois » qu’a pu ajouter Bartenstein aux idées juridiques et politiques de Joseph II s’accommode fort bien des autres apports issus de l’Aufklärung de l’école Leibniz-Wolff et ne devrait pas être négligé dans l’explication des origines du « Josephisme ».

Thèse et dissertations juridiques : De bello Imperatori Carolo V., 1709 et réimpr. 1749, Strasbourg; De haeredipetis, 1711, Strasbourg; Oratio de Causis corruptae jurisprudentiae… publiée à la suite de De haeredipetis et séparément en 1712; autres : liste donnée par la Neue Deutsche Biographie. Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, 1909. I, t. I, p. 89-90; Chr. Gottlieb Jöchers, Allgemeines Gelehrten Lexikon, I, p. 1458; Knod, Die alten Matrikeln der Universität Strassburg (1621-1793), I. p. 385 et 361, II, p. 550; A. d’Arneth, Jean-Christophe Bartenstein et son temps, 1871, Vienne; Allgemeine deutsche Biographie, 1875, Leipzig, II p. 87 à 93 (résumé détaillé de sa vie); O. Bartenstein, Beiträge zur Bartensteinischen Familiengeschichte, 1910, « Privatdruck » (? ) déposé aux Stadtarchiv Lindau; Neue Deutsche Biographie, 1953, Berlin, I, p. 599 (bibliographie très complète à laquelle on ajoutera: J. Hrazky, Bartenstein, der Staatsmann u. Erzieher, 1958 et M. Braubach, « J. Ch. Bartensteins Herkunft und Anfänge »: Diplomatie u. geistiges Leben im 17. und 18. Jhd., 1969, p. 338-384; Ph. G. Gudenus « Die Bartenstein in Strassburg », Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace, 1973, p. 103 à 105 (Un tableau généalogique détaillé se trouve dans l’ouvrage de M. Braubach, op. cit., p. 341); M. Thomann, « Lumières et Aufklärung à Strasbourg », dans Livet-Rapp, Histoire de Strasbourg, t. IV, 1981, p. 427-454 (sur la spécificité de la formation « strasbourgeoise » à la faculté de Droit). Portrait: Peinture à l’huile de M. von Meytens M. Braubach, p. 336-337.

Marcel Thomann (1983)