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BALLESTRA (BALESTRA, ARMBRUSTER ?) Raimundo, Raymund

 

(★ seconde moitié du XVIe siècle † Saverne 11.10.1634). ∞ I. NN, de Molsheim († Saverne
7.2.1624), ∞ II Susanna N., veuve de Mathé Stiegel († Saverne août 1634) ; 3 enfant, dont
Caecilia, épouse de Johann Faber, facteur d’orgues († 8.1.1635), et Rosina, épouse I 1625
Georg Reichter, musicien de l’évêque, II Gregor ou Georg Fischer (Piscator), organiste de la cour à Innsbruck en 1628 et 1636.

Les origines de Ballestra sont sujettes à discussion. Italien de formation, ses origines péninsulaires supposées sont contredites par les rares écrits de la main du compositeur, tous en langue allemande. L’italianisation ou la latinisation des noms étant alors très à la mode chez les compositeurs allemands, il est fort probable que Ballestra cache le patronyme allemand Armbruster (arbalétrier). Ballestra, qui a bénéficié du mécénat de la famille Fugger (Augsbourg), effectua ses études musicales en Italie et en Allemagne. Dès 1602, il fut nommé musicien de l’archiduc Ferdinand d’Autriche à Graz. Sa renommée incita le frère de Ferdinand, Léopold, à le nommer maître de chapelle à Saverne (1616) lorsqu’il fut nommé évêque de Strasbourg et de Passau. La cour de Saverne était alors à son apogée. Dès 1619, la plupart des musiciens furent transférés à Innsbruck, alors que Ballestra demeura à Saverne comme organiste du chapitre. Le retrait de Léopold en 1625 rendit sa situation économique précaire. Ce sont probablement la situation économique de l’Alsace et les destructions de la guerre de Trente ans qui expliquent que les seules œuvres conservées du compositeur datent de son séjour à Graz. Le compositeur fut fort estimé, comme le prouvent les impressionnants motets publiés à Venise en 1611 (Sacrae symphoniae, de 7 à 13 voix, dédiées à Ferdinand d’Autriche) et sa contribution avec deux motets au Parnassus musicus Ferdinandeus (Venise, 1615). Des manuscrits conservés à Vienne, contenant deux messes et deux Magnificat à plusieurs chœurs (12 à 20 parties) laissent également entrevoir la qualité et la modernité de la musique, parfois très savante, que Ballestra dut produire à Saverne avant 1625. Cette production précoce et remarquable plaça Ballestra à la jonction de l’esthétique de la Renaissance et de celle du baroque vénitien naissant qu’il a certainement contribué (avec son collègue italo-croate de Saverne, Vincenz Jelich) à diffuser en Alsace. Cela ne peut que faire regretter plus amèrement encore la perte de l’essentiel de ses œuvres. 

ABR, 1 G 99, doc. 4 et 27 ; ABR, G 1534 ; L. Bachmeyer, Livre d’or de Saverne, ms, p. 371 ; J.-L. Gester, La musique religieuse en Alsace au XVIIe siècle, 2001 ; notice Ballestra, Reimundo dans Die Musik in Geschichte und Gegenwart, Personenteil 2, col. 119-120, 1999. 

Jean-Luc Gester (2004)

 

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, 1909I, p. 84 ; Vogeleis, Quellen und Bausteine zu einer Geschichte der Musik und des Theaters im Elsass, Strasbourg, 1911, p. 475 ; R. Muller, Anthologie des compositeurs de musique d’Alsace, 1970, p. 7 ; Archives départementales du Bas-Rhin, série 1, G 99, pièces n° 4 et 27 ; RISM A I 1, n° 769 ; H. Federhofer, « Ballestra », Musik in Geschichte und Gegenwart XV, 1973, col. 440-441.

Bibliographie par Christian Meyer et René Muller (1983)