Trois frères prêtres, propriétaires du Mont Sainte-Odile de 1837 à 1849, (C). Léopold, (★ Borville, Meurthe et Moselle, 1.10.1796 † Saxon, près de Sion-Vaudémont, 23.5.1883), François (★ Borville 18.4.1798 † Saxon 4.6.1863), Quirin, (★ Borville 23.11.1799 † Rosières-aux-Salines 6.1. 1882). Études de philosophie et de théologie au grand séminaire de Nancy. Ils furent ordonnés prêtres pour le diocèse de Nancy, Léopold, le 7.4.1821, François, le 24.2.1824, Quirin, le 28.7.1828. Après s’être dévoués à l’apostolat rural dans les paroisses de Flavigny, de Favières et de Lachapelle, ils se fixèrent pour mission de restaurer, au lendemain de la Révolution, les grands pèlerinages. Encouragé par son évêque Forbin-Janson, Léopold se lança dans des fondations onéreuses : le couvent de Mattaincourt (1833), le pèlerinage de Sion (1837), le mont Sainte-Odile qui, de 1791 à 1851 changea neuf fois de propriétaire. Quirin y résida de 1837 à 1844 et prit possession du sanctuaire, de l’hôtellerie et de la ferme, le 13.11.1837. Les frères Baillard tentèrent de redonner vie au Mont Sainte-Odile. Le 7.7.1841 eut lieu, avec l’assentiment de Mgr. Raess, évêque coadjuteur de Strasbourg, la translation des reliques de la sainte, conservées dans une des pièces du couvent, dans une châsse à la chapelle Sainte-Odile ; cette fête attira de nombreux pèlerins d’Alsace, de Lorraine, de Bade et de Hollande. Ignorant la langue du pays, les frères Baillard se firent adjoindre par l’évêque un prêtre du diocèse, qui de 1844 à 1846, remplit les fonctions de chapelain et de confesseur. Cependant, les acquisitions et les aménagements réclamaient des sommes considérables qui furent demandées à la charité des fidèles. Les Baillard furent des quêteurs infatigables. Ils parcoururent la France, le Luxembourg, la Rhénanie, l’Angleterre, passèrent même en Amérique et drainèrent ainsi beaucoup d’argent qu’ils ne surent pas toujours bien utiliser. Manquant de sens pratique, ils coururent à la ruine en accumulant des dettes. Le 9.6.1849, le mont Sainte-Odile fut revendu. Comme sur l’affiche, l’avoué avait mis à l’encan les reliques de la sainte et les revenus du pèlerinage, Mgr. Raess jeta l’interdit sur l’église et les chapelles. Le 16.8.1853, l’évêque de Strasbourg fit l’acquisition du Hohenbourg au nom du diocèse. Quant aux frères Baillard, ils adhérèrent à la secte de Vintras. Abandonnés, chassés, il s’exilèrent quelques années en Angleterre, puis, furtivement, rentrèrent en Lorraine pour y vivre dans l’obscurité et la misère. Sous le coup de censures ecclésiastiques, Léopold se fixa à Saxon, où il exerça plusieurs métiers et mourut après s’être rétracté in extremis. Quant à François, il devint curé de Saxon et demeura à la secte de Vintras. À sa mort, il fut enterré civilement. Quirin quitta le clergé, s’établit en Bourgogne, puis à Nancy, où il publia Histoire de trois frères (1868). Il mourut à l’hospice de Rosières-aux-Salines et abjura très probablement la secte de Vintras. L’aventure des frères Baillard est le sujet du roman de Maurice Barrès, La colline inspirée.
Kath. Kirchen und Schulblatt, 1852, p. 190 ; Q. Baillard, Histoire des trois frères Baillard, Paris, 1868 ; J. Gyss, Der Odilienberg, Rixheim, 1874, p. 311 ; E. Mangenot, « Sainte-Odile et les frères Baillard », Revue Catholique d’Alsace, 1920, p. 710 sqq ; 1921, p. 8 sqq, 139 sqq, 222 sqq, 285 sqq, 479 sqq, 548 sqq, 643 sqq, 719 sqq ; 1922, p. 152 sqq, 220 sqq, 323 sqq ; M. Barth, Die heilige Odilia, t. I, Strasbourg, 1938, 335 ; J. Barbier, Les sources de la Colline inspirée, Nancy, 1957, p. 233-257 ; ibid, « L’aventure des Baillard » ; Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 1964, I-II, p. 35-36 ; E. Amann, Vintras, D. Th. C. ; Dictionnaire de biographie française, V, 1949-51, c. 1238-1249 ; R. Pierron, Quirin Baillard à Sainte-Odile, 2e éd., Nancy, 1966.
René Epp et André Stehlé (1983)