Ornemaniste dessinateur, graveur, sculpteur sur bois (★ 11.11.1719, Paris † 26.10.1775, Kehl)
Fils de Pierre Babelle, un artisan sculpteur sur bois du quartier du Faubourg Saint Antoine, il fut un ornemaniste aux activités multiples : donneur de modèles, dessinateur et graveur aquafortiste, architecte, sculpteur sur bois ou tout simplement exécutant.
En novembre 1748, Pierre-Edme épouse Angélique Darcy (v. 1723-1780) qui est alors marchande-maîtresse couturière. De cette union naitra Catherine-Angélique-Sophie Babel (1750-1779), fille unique de P.-Edme et Angélique, qui épousera en 1767 le serrurier Pierre-Antoine Deumier (1742-1812).
Le 16 novembre 1751, sur présentation de chef d’œuvre, il obtient la maitrise de sculpteur de la communauté des peintres et sculpteurs parisiens, dite Académie de Saint-Luc. Il en devint conseiller en 1764 et sera nommé directeur en 1765.
Parallèlement à ses activités de sculpteur sur bois, il poursuit ses activités de dessinateur-aquafortiste et participe à la réalisation de très nombreuses publications de livres d’architecture par lesquelles il œuvra pour les plus grands architectes comme Charles-Étienne Briseux, Germain Boffrand, Jacques-François Blondel et bien d’autres.
En vue de la publication de la Représentation des fêtes données par la ville de Strasbourg, grand in-folio relatant les festivités organisées par la ville de Strasbourg en l’honneur de la visite de Louis XV en 1744, Babel sera chargé du dessin et de la gravure des bordures ornementales de la page de titre et des dix-neuf pages de texte. Babel met à contribution guirlandes de fleurs, vases, spirales, perles, feuillages, fontaines, cartouches, coquilles, oiseaux, putti et autres motifs pour imaginer ces vingt planches toutes différentes, singulières et pour la plupart asymétriques. Ses suites ornementales et notamment ses déclinaisons et variations du motif du cartouche, attestent qu’il fut un acteur majeur du rocaille. Il a su apporter à cet art des éléments nouveaux et a ainsi participé effectivement à l’évolution de ses formes.
De 1766 à 1775, durant les neuf dernières années de sa vie, Pierre-Edme a obtenu d’importantes commandes du Garde Meuble de la Couronne d’une valeur estimée à trois cent mille livres. Concernant les rares sculptures conservées de Babel, il faut citer la commande des guéridons porte-girandoles en bois sculpté et doré, ordonnée en 1769 en vue du mariage du Dauphin, futur Louis XVI, avec Marie-Antoinette. Pour ce projet prestigieux, Babel réalise 12 des 24 guéridons de ce nouvel aménagement destiné à meubler et éclairer la Grande Galerie de Versailles.
Sa mort à Kehl en 1775 reste une énigme et s’avère un événement abrupt, imprévu ou même accidentel. En effet, à cette époque Babel semble pleinement investi dans des projets privés et professionnels à long terme. En 1769 il prend l’engagement d’assumer le tutorat d’une mineure et fille d’un ami exilé. En 1771, il avait fait l’acquisition d’une maison parisienne rue Neuve Saint-Eustache et son atelier de sculpture était sollicité par de très nombreuses commandes. Il aurait pu se rendre en Alsace afin de recruter de jeunes sculpteurs pour subvenir au besoin de main-d’œuvre de son atelier en pleine expansion.
Après sa mort, sa veuve Angélique prendra en charge la conduite de son atelier de sculpture. Ainsi, le nom de « Babel » continuera d’apparaître dans les mémoires du Garde Meuble pendant une durée d’environ cinq années jusqu’à la mort de son épouse. C’est un de ses collaborateurs Jean-Baptiste-Simon Rode qui reprendra l’atelier des Babel en 1780.
Sources :
Liste générale des noms et surnoms de tous les maistres peintres, sculpteurs etc. de cette ville et faubourgs de Paris : tant anciens que modernes…, Paris, Le Bréton, 1764, p. 21 et 45 ; G. Wildenstein, Études et documents pour servir à l’histoire de l’art au XVIIIe siècle – Rapports d’experts 1712-1791 – Procès-verbaux d’expertises d’œuvres d’art extraits du fonds du Châtelet aux Archives Nationales, Paris, Les Beaux-Arts, 1921, n°79-81 et 89 ; J. Hatt, « La représentation des fêtes données pour la convalescence du roi en 1744 par la ville de Strasbourg », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, 1923, p. 140-166 ; M. Roux, Inventaire du fonds français (Bibl. Nat. ) graveurs du XVIIIe siècle, tome I, Paris 1930, p. 368-382; J. D. Ludmann, Le Palais Rohan de Strasbourg, t. Il, Strasbourg 1980, p. 532-534; B. Pons, Degoullons, Legoupil, Taupin, sculpteurs des bâtiments du Roi, thèse de 3e cycle, Université Strasbourg II, 1982, t. III, p. 621-623 ; C. Baulez, « À propos de Victor Louis et de la table de fer poli de Varsovie, les familles Deumier et Perez », dans C. Taillard (dir.), Victor Louis et son temps [actes du colloque international organisé par la Société Victor Louis, Palais Soubise, du 14-16 décembre 2000], Pessac, Université Michel-Montaigne-Bordeaux 3, 2004, p. 55-89.
Archives Nationales, Paris, O1 3621, 3622 ; Minutier central des notaires de Paris, Études : VII, 385, 393,451 ; XXVIII, 116 ; XXX, 427, 447, 466 ; XC, 361.
Archives de la ville de Paris, Fichier de l’état civil reconstitué V3E, N67 ; V3E, M307.
Jelena Girardier (février 2021)