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ARMSTORFF (AMERSDORFF, ARMSTORFFER) Paul d’ (von)

Diplomate, conseiller de Charles Quint (★ Ensisheim ? c. 1470/75 † septembre 1521).

Fils de Michel Armbruster et d’Anne N. ∞ Anne de Poitiers (d’une famille du Brabant, parente de la célèbre Diane); 2 fils, Maximilien et Charles (★ Malines, 1521, filleul de Marguerite
d’Autriche). Parmi ses frères et sœurs, Johann Heinrich, receveur du grand bailliage impérial de Haguenau entre 1505 et 1523. Qualifié de « faiseur de roi » par l’historien Paul Kalkoff, Paul d’Arsmtorff s’inscrivit dans le prolongement de son père Michel Armbruster, greffier provincial (landschreiber) des pays antérieurs de l’Autriche entre les années 1460 et le début du règne de Maximilien Ier († v. 1496) : fidèle serviteur des Habsbourg et, entre 1469 et 1474, de la Bourgogne, doté de quelques fiefs en Haute-Alsace, ce dernier ne fut apparemment pas anobli, mais ses enfants avaient pris, par assonance, le nom d’Armstorffer, ultérieurement (vers 1510), doté de la particule en allemand comme en français. Signalé une première fois au siège de Novare, en 1495, dans les contingents alsaciens conduits par F. Cappler ©, il fut attaché à la cour de Malines-Bruxelles vers 1510, en tant que sommelier de corps du futur Charles Quint. Ses compétences linguistiques (français, flamand, allemand, latin) lui valurent de premières missions en compagnie du diplomate milanais Andrea de Burgo, en 1511 auprès du roi Ferdinand d’Aragon, pour accélérer la conclusion de la paix avec les Vénitiens, puis, à la demande de l’empereur Maximilien, pour négocier l’entrée en guerre de l’Angleterre contre le roi de France (printemps 1513) : le succès de la campagne de l’été 1513 peut être
mis à son crédit ainsi qu’à celui de son compatriote alsacien Simon de Ferrette ©, commandant en chef des lansquenets de l’armée anglaise. Trois ans plus tard, Paul d’Armstorff accompagna le roi Charles dans son premier voyage en Espagne. Il fut l’une des vedettes du tournoi de Valladolid de février 1518. À la mort de Maximilien, c’est à lui que l’on confia la lettre de change de 300 000 florins destinée à Anton Fugger, en vue d’acheter les voix des princes électeurs : Ses instructions secrètes le placent en première ligne des négociateurs de l’élection impériale (lettres de créance du 15. 2. 1519) : il rencontra les quatre électeurs rhénans (la formule « j’ai honte de sa honte » à propos du cardinal Albert de Brandebourg est de lui), et fit échec aux manœuvres des envoyés de François Ier en faisant monter les enchères. Son action le situa au cœur des différents réseaux qui œuvraient pour la candidature de Charles, assurant la liaison avec l’Espagne, l’Allemagne et les Pays-Bas. Elle lui assura un ascendant exceptionnel sur le jeune empereur (qu’il rejoignit alors en Espagne et raccompagna aux Pays-Bas puis dans la vallée du Rhin entre 1520 et 1521). Son rôle fut déterminant au moment du Reichstag de Worms – le cardinal Aléandre en fait l’âme damnée de son maître dont il partageait la chambre. Il fut l’instigateur du Pfaffenkrieg lancé par Ulrich von Hutten contre la papauté, en particulier pour appuyer la candidature de son frère (ou neveu) Georg von Armstorff à la tête du prieuré de Surbourg convoité par un courtisan romain. Il servit également d’émissaire entre le souverain et Franz von Sickingen. Sa disparition brutale en 1521 reste à élucider. Paul d’Armstorff sembla avoir tiré un grand profit de ses activités politiques : outre le titre de chevalier (vers 1518 seulement ?), il reçut d’importants fiefs en Brabant, Drugenrode, près d’Ittre, et Woluwe Saint-Lambert, à proximité de Bruxelles. Sa résidence habituelle fut le Hof van Saksen à Malines, une demeure somptueuse. Il possédait vraisemblablement des intérêts à Augsbourg, en relation avec les Welser. En 1519, suite à l’élection impériale, il obtint le fief de l’Ortenburg et du val de Villé auparavant tenu par Conrad Merswin (Barcelone, 6.9.1519) ainsi que les revenus de l’importante commanderie de Saint-Jacques d’Ocana, en Castille. Le 10.4.1521 (en plein Reichstag) il allait être investi des fonctions de châtelain du Haut-Koenigsbourg et de bailli de Bergheim, avec une provision de 800 florins et une solde de 100, une charge particulièrement importante à cette date. Déconnectée de ses racines alsaciennes, sa descendance devait rester fixée aux Pays-Bas, son fils Charles étant l’un des représentants de la Franche-Comté aux funérailles officielles de Charles-Quint, à Bruxelles, en 1558.

 

Georges Bischoff (2004)

Sources :

P. Kalkoff, Der Wormser Reichstag von 1521, Munich-Berlin, 1922; idem, Huttens Vagantenzeit und Untergang. Der geschichtliche Ulrich von Hutten und seine Umwelt, Weimar, 1925 ; Götz von Pölnitz, Jacob Fugger, Tübingen, 2 vol., 1949-1951 ; A. Wauters, Histoire des environs de Bruxelles, Bruxelles, 1855, t. III.