Fabricant de tissus techniques (★ Guebwiller 28.04.1873 † Bellême 13.05.1941).
Fils de Charles Althoffer ©. ∞ Marie Eugénie Regnier ; 7 enfants. En 1899, Louis et son frère Jean-Charles (1878-1949), devinrent propriétaire des usines de Guebwiller et d’Archettes à la suite du partage après le décès de leur mère. Les articles fabriqués alors par l’entreprise à Guebwiller consommaient de la laine dont le pouvoir feutrant était utilisé au maximum. Cela requérait une eau pure et douce, exempte de toute trace d’acides ou de bases. Cependant, l’obtention de bons feutres devint aléatoire en raison de la pollution de l’eau de la Lauch et du canal usinier par les industries situées en amont, à Buhl. C’est l’affaire Temming de Buhl, un récupérateur de déchets de coton qui détermina les deux frères Althoffer à vendre leur fabrique de Guebwiller et à construire une nouvelle usine à Rimbach-Zell, dans un fond de vallée sans industrie en amont et surtout au bord du Rimbach qui offrait une eau douce saponifiable. Le matériel, à cette occasion, fut renouvelé et installé dans une usine en rez-de-chaussée de 3000 m². La même année, fut fondée la société en nom collectif « J. Althoffer » entre le père, Charles, et ses deux fils.
La guerre de 1914-1918 eut des conséquences très graves pour Althoffer & Cie. Jean-Charles Althoffer fut, dès le début des hostilités, mobilisé par les Allemands. Connu pour ses sentiments de patriote français, il fut envoyé sur le front russe. L’aîné, Louis, franchit la frontière avant qu’elle ne soit définitivement fermée. Le ministère de la Guerre allemand adressa des commandes pour l’armée. Désormais, Althoffer devait fabriquer des couvertures pour les soldats sur le front. Pour une courte durée cependant. En effet dès décembre 1915, l’usine de Rimbach-Zell qui était sous la ligne de tir des batteries françaises en position sur le Vieil Armand fut endommagée par des obus et cessa son activité. L’administration allemande décida alors, en janvier 1916, d’évacuer le village vers Zuffenhausen près de Stuttgart et de fermer les portes de l’usine. Par décret, l’armée récupéra toutes les matières premières ainsi que les machines qui furent déménagées à Klein Laufenbourg en Bade. La société Althoffer, bien que privée de son usine, fut mise sous surveillance en novembre 1917, peu de temps après que les autorités eurent appris que l’un des gérants, Louis Althoffer, avait pris la nationalité française.
La fin de la guerre trouva l’entreprise Althoffer dans une désorganisation complète. Néanmoins, la remise en marche de la petite unité de Rimbach-Zell se fit rapidement grâce aux besoins immenses nés de la guerre. L’usine fut reconstruite et le matériel déménagé en Allemagne réinstallé. Il fut décidé de vendre l’usine d’Archettes qui n’avait plus de raison d’être et de transférer le matériel en Alsace. Les premières années du retour à la France furent des années de prospérité, Althoffer accédant à un marché intérieur en forte expansion alors que les industries du Nord et de l’Est étaient hors d’état.
En revanche, la grande dépression des années 1930 faillit être dramatique pour Althoffer en raison des répercussions des difficultés du textile pour la fabrication de tissus techniques, secteur qui lui était intimement lié. En effet, cette grave crise qui toucha l’industrie textile dès janvier 1930 eut pour conséquence une baisse des commandes pour Althoffer. Cependant, en définitive, la petite société familiale fut relativement épargnée. Durant ces temps difficiles, elle a été capable de freiner la baisse de son activité et ainsi de mieux résister que les grands.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le vallon du Rimbach n’eut à subir aucun bombardement. L’occupation du vallon par les troupes allemandes le 18 juin 1940, interrompit momentanément le travail, mais dès l’été 1940, l’entreprise, intégrée à l’économie planifiée du Reich, fut remise en marche. Désormais, Althoffer devait participer à l’effort de guerre nazi. Parallèlement, les autorités prirent sans attendre des mesures afin d’ouvrir la voie à une germanisation radicale de la région. Les premières mesures économiques du Gauleiter Wagner, à savoir la mise sous séquestre des biens ennemis, concerna J. Althoffer à Rimbach-Zell. Les nazis décidèrent d’expulser Louis Althoffer, ainsi que son fils Michel (1910-1983) et son gendre Maurice Valat (1890-1986), tous deux associés à la gestion de l’entreprise. Les nazis reprochaient à Louis Althoffer d’avoir quitté le Reichsland en 1905 pour Archettes, d’y avoir été naturalisé français et enfin d’avoir déserté en 1914 alors que Michel Althoffer et Maurice Valat étaient nés français. Les trois dirigeants furent jetés sur les routes avec leur famille. Louis Althoffer rejoignit la famille de son épouse à Bellême dans l’Orne où il décéda en mai 1941. L’entreprise Althoffer resta cependant aux mains de la famille Althoffer et fut confiée dans un premier temps à Jean-Charles Althoffer puis à son gendre Clément Schertzinger (1907-2002) en mai 1941. Quoique très francophile, Jean-Charles était resté en Alsace en 1914, gérant l’usine de Rimbach-Zell et fut enrôlé dans l’armée allemande, alors que son gendre était né d’une mère allemande. L’usine fut libérée le 4 février 1945, sans dommages.
Bertrand Risacher (décembre 2014)