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AIGREFEUILLE (d’) Jean-Dagobert

Prêtre et révolutionnaire, (C) (★ Colmar 8.6.1753 † Mayence 15.10.1816). Fils aîné de Jean  d’Aigrefeuille © et filleul de Dagobert de Salomon, conseiller au Conseil souverain d’Alsace.

Études à Colmar et à Porrentruy. Ordonné prêtre du diocèse de Bâle (1776), il obtint la charge nouvellement créée de recteur de l’église du chapitre noble de Murbach à Guebwiller (1778), succédant à Arbogast Martin, futur évêque constitutionnel du Haut-Rhin. À la suite d’un différend l’opposant au chapitre de Murbach, il dut résilier sa charge et devint curé de Cernay (1785), où il s’affirma bientôt comme un adversaire déclaré des institutions de l’Ancien Régime. Cultivant tout particulièrement sa rancœur envers les maîtres de la principauté de Murbach, il profita des événements révolutionnaires pour se faire nommer curé constitutionnel de Guebwiller le 1.10.1791. Il s’y montra particulièrement zélé à dénoncer les prêtres réfractaires, dont l’abbé Joseph Thomas qui fut guillotiné peu après et surtout ceux des anciens membres du chapitre équestral qui étaient restés en ville, et qui ne trouvèrent finalement leur salut que dans l’émigration. Le curé assermenté abdiqua ensuite publiquement son état ecclésiastique et transforma son nom aristocratique en « Daigrefeuille ». Figurant parmi les fondateurs de la Société populaire de Guebwiller, il s’affilia aussi à la Société jacobine de Colmar avant d’être appelé à siéger au directoire du département. Il s’affirma alors comme l’un des plus chauds partisans de la Terreur dans le Haut-Rhin, se signalant notamment par ses menées anti-religieuses et anticléricales. Par ailleurs, il s’était lié d’amitié avec le fabricant mulhousien Pierre Dollfus, ancien gérant des manufactures de toiles imprimées de Wesserling et de Thann, qui se transporta à Guebwiller en 1793, afin d’ouvrir un établissement similaire dans les dépendances du ci-devant château abbatial. Ayant également créé une maison de commerce de toiles à Paris, Dollfus intéressa d’Aigrefeuille à son entreprise, mais les deux associés furent ensuite inquiétés pour une affaire d’exportation de numéraire et de métal précieux. De retour en Alsace après thermidor, d’Aigrefeuille devint commissaire du gouvernement près le canton d’Ammerschwihr et agent national à Riquewihr. En relation avec le Colmarien © Reubell, membre du directoire, il milita en faveur du rattachement de Mulhouse à la France. En 1798 nommé secrétaire général du Commissariat général de la République Française à Mayence. En 1799 secrétaire particulier de Lakanal, membre du bureau de dénonciation créé en brumaire an VIII. De 1800 à 1813 directeur des contributions du département du Mont-Tonnerre, membre du Conseil général (an XII à 1813) et du collège électoral de l’arrondissement de Mayence. Demeuré célibataire.

 

Jean-Marie Schmitt (1982)

Sources :

A. M. P. Ingold, « D’Aigrefeuille à Cernay », Miscellanea alsatica, t. III, Colmar, 1897, p. 237 ; I. Beuchot, « D’Aigrefeuille à Guebwiller », Revue d’Alsace, 61, 1910, p. 177-196 ; L. Ehret, « Aus der Revolutionsgeschichte der Stadt Gebweiler. Zwei Charakterbilder », Elsassland, 1931-III et IV ; Y. Guillon, « Une curieuse figure d’antan : Dagobert d’Aigrefeuille, trublion et aventurier politique », Saisons d’Alsace, 27, 1968, p. 423-424 ; R. Dufraisse, Les grands notables du Mont-Tonnerre, Paris, 1978, p. 69.