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OHMACHT Landolin

Sculpteur, (C) (★ Dunningen près de Rottweil, Bade-Wurtemberg, 11.11.1760 &dagger Strasbourg 31.3.1834, enterré au cimetière Saint-Urbain). Fils de Nicolaus Ohmacht, cultivateur, et de Mechtilde Mauch. ∞ 1797 à Rottweil Sophie Gassner, fille du grand prévôt de la ville. Refusant de succéder à son père en son état, mais grâce à la compréhension de celui-ci, il obtint le soutien, à l’âge de 12 ans, du grand-prévôt Gassner, de Rottweil, qui le confia pour une première formation à un scuplteur sur bois de Triberg. Ohmacht quitta bientôt ce dernier pour suivre les enseignements d’un sculpteur à Fribourg en Brisgau demeuré inconnu. Puis, il entra dans l’atelier de Johann Peter Melchior, sculpteur de la cour de Bade à Frankental (Palatinat), dont il devint l’ami. En 1780, de retour à Rottweil, Ohmacht réalisa les bustes en relief du Christ et de l’apôtre Pierre, ainsi que deux scènes de sacrifice de l’Ancien Testament pour l’église de la Sainte-Croix. Ensuite, après un court et nouveau passage dans l’atelier de Melchior, Ohmacht gagna Mannheim et Bâle. En 1787 et 1788, il séjourna en Suisse, où il se lia d’amitié avec Lavater, qui lui dédia son recueil d’aphorismes Andenken anliebe Reisen. L’année suivante, il se rendit en Italie où il demeura près de deux ans, notamment à Rome, sur les traces de Winckelmann, et où il travailla dans l’atelier de Canova. L’art florentin de la Renaissance, celui de Michel-Ange aussi, exercèrent une forte influence sur lui et développèrent particulièrement son talent de portraitiste en marbre et en albâtre de petit format. Sur le chemin du retour, Munich, Vienne et Dresde le retinrent tour à tour, avant qu’il ne gagnât Hambourg et y devînt un familier de Klopstock. Il lui fut passé commande du tombeau du bourgmestre de Lübeck, Peters, pour la Marienkirche de cette ville. Il réalisa un buste en albâtre du dernier prince-électeur de Mayence, Friedrich-Franz Joseph, chevalier von Erthal, puis, à Francfort-sur-le-Main, à l’occasion du couronnement de l’empereur Léopold II, une série de portraits de personnalités. De retour à Rottweil en 1796, Ohmacht sculpta le portrait du grand-prévôt Gassner, son protecteur. Cette même année, un armistice fut conclu entre Rottweil et le général Moreau, et Ohmacht fournit plus de la moitié de la somme que le traité exigeait de cette ville. En reconnaissance, Ohmacht fut nommé citoyen d’honneur. Napoléon © Bonaparte le fit mander au Congrès de Rattstatt pour exécuter son portrait, mais, pressé, il n’attendit pas sa venue. C’est vraisemblablement sur recommandation de l’architecte Weinbrenner, le constructeur du petit château de la Meinau destiné à Schulmeister ©, que fut confié à Ohmacht l’érection, en 1801, du monument du général Desaix tombé à Marengo. Ohmacht collabora aussi à la décoration du château de la Meinau, en 1810-1812, avec les sculptures de Vénus et de Flore. Deux ans plus tard, il s’installa définitivement à Strasbourg et ouvrit son atelier entre deux contreforts de la cathédrale. C’est là qu’il reçut la visite de David d’Angers en 1828 et en 1834, qui le décrit en ces termes: «Cet homme est de petite stature, d’une stature très robuste, la tête forte, les traits grands, le front haut et assez étroit, les yeux très noirs; le nez enfoncé m’a rappelé, à première vue, certains peuples de la Terre de Feu, dans l’Amérique du Sud, un peu Kalmouk» (Les Carnets de David d’Angers, I-II Paris, 1858, publiés par A. Brunel). Entre 1804 et 1807, Ohmacht conçut pour le compte du prince Max, le futur Louis Ier de Bavière, son Jugement de Paris, aujourd’hui dans le parc de Nymphenburg près Munich, de même que les portraits fictifs et de grand format de Hans Holbein et d’Erwin von Steinbach (1805-1810). Au cours de ces mêmes années furent réalisés par lui: le monument Oberlin, pour l’église Saint-Thomas de Strasbourg, une Hébé et une Flore pour le naturaliste Castel à Reims, sur commande du comte Chevegny (1814), le buste de la fille du professeur Herrenschneider. Suivirent les monuments du Pr. Chr. Koch, de J.-L. Blessig, du médecin F.-D. Reisseisen et du prédicateur F.-Ch.-T. Emmerich à Saint-Thomas, le buste du préfet Lezay-Marnésia en grès des Vosges, dans la galerie du chevet de la cathédrale, un buste de «Raphaël» pour le marchand de tableaux parisien Rubens (1815). L’on doit à Ohmacht les grandes figures en pied des neuf Muses qui couronnent le péristyle du Théâtre municipal de Strasbourg, achevé en 1821 et, en grès, six figures monumentales destinées à entourer le tombeau de l’empereur Rodolphe de Nassau dans la cathédrale de Spire. Innombrables sont les œuvres de petit format, de bois, de marbre, de terre cuite, de biscuit de porcelaine ou d’albâtre, des portraits essentiellement, exécutés en relief pour la plupart, comme celui du pasteur Oberlin ©. Il fréquentait à Strasbourg le cercle des Herrenschneider, Emmerich, des frères Stoeber, de l’orfèvre Kirstein, de Münz, son biographe.
Citons encore parmi ses œuvres: Les portraits de l’auteur dramatique Iffland (1779-1796) à Mannheim, de Johann Peter Melchior, son maître, 1787 (musée de Francfort), du peintre Georg Pforr (1745-1798), 1792 (musée de Francfort), du Geheimrat Johann Jacob Willemer et de sa femme, 1794-1795 (Goethemuseum Francfort), de Suzanne Gontard, née Borkenstein, femme d’un banquier de Francfort, la diotima du poète Holderlin, du libraire bâlois L. Haas et de sa femme née Decker (Berlin), de Joséphine Garat, née Schulmeister (château de Wangen), du Ratsschreiber Peter Ochs, de Peter Vischer-Sarazin et de sa femme, 1789, de Lucas Sarazin, 1789 (Bâle), du Dr. Joh. Schulte, sénateur (1751-1817) et d’un inconnu signé (MAD Hambourg). En Alsace: buste du président du Consistoire général Bernard Frédéric de Turckheim, 1829, au Temple-Neuf de Strasbourg, de Gustave Steinheil, industriel († 1812), fondateur de la firme Steinheil-Dietterlin à Rothau, de Jacques-Frédéric Kirstein, orfèvre, dont le fils fut son élève (musée de Colmar), de Lavater (inv. n°302), d’une jeune dame (inv. n°303), d’une jeune dame de la famille Franz (inv. n°305), du père de l’avocat strasbourgeois Franz (inv. n°304), du peintre Johann Josef Friedrich Klein (inv. n°306), de la baronne Élisabeth de Turckheim née Schoenemann, la Lili de Goethe (en albâtre), du recteur Levrault et de sa femme (Strasbourg, MAD et Cabinet des Estampes). Buste monumental du Freiherr Karl Ludwig von Lotzbeck à Munich.
J. Gérard, Galerie statuaire, Strasbourg, s.d.; Note sur Ohmacht, surnommé le Corrège des statuaires, et sur les derniers moments de sa fille Anne-Sophie Gros, Paris, 1815; J.-D. Hermann, Notices historiques, statistiques et littéraires sur la ville de Strasbourg, I, 1817, II, 1819; G.-L. Münz, Der Bildhauer Ohmacht und seine Werke, 1818; L. Schorns, Kunstblatt, 1827, n°76, p.302 et s., 1830, p.22 et s., 1836, p.207 et s.; Recueil de pièces sur Ohmacht, statuaire, Colmar, 1834; Allgemeine Künstlerlexikon, 1835; A. Dumas, «Causeries d’un voyageur», Feuilletons du Pays des 7-8 et 9 juillet 1854; Hamburgisches Künstlerxikon, Hambourg, 1854; Gemeindezeitung für Elsass-Lothringen, 1883, p.66 et s.; Das Elsass, 1885, n°39 et 40; P.-E. Tuefferd, L’Alsace artistique, Mulhouse, 1885, p.27; Allgemeine deutsche Biographie, 1887, p.204-207; Iconographie alsacienne, Cabinet des estampes de la collection F. Reiber, 1896; Ehrhard, «Le sculpteur Ohmacht», Revue catholique d’Alsace, 1899; F.F. Leitschuh, Kleine Beiträge zur Geschichte der Kunstentwicklung und des Kunstlebens im Elsass, Cologne, 1909; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.400; J. Rohr, Der Strassburger Bildhauer Landolin Ohmacht. Eine Kunstgeschichttiche Studie samteinem Beitrag zur Geschichte der Ästhetik um die Wende des 18. Jahrhunderts, Strasbourg, 1911; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, XXV, 1931.

Victor Beyer (1996)