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KLIMRATH Jean Henri Daniel,

KLIMRATH Jean Henri Daniel,

Historien du droit (★ Strasbourg 1.2.1807 † Paris 31.8.1837).

Fils de Jean Daniel Klimrath, négociant à Colmar (1799) puis à Strasbourg, et de Henriette Louise Schertz, fille d’un négociant strasbourgeois, parent du linguiste Jean Georges Schertz ©. Scolarité à Paris, au lycée Louis-le-Grand jusqu’en 1821, lorsqu’une maladie le contraignit à revenir en Alsace. Il put reprendre les cours au collège royal de Strasbourg (l’actuel lycée Fustel-de-Coulanges) et entreprendre des études universitaires à la faculté de Droit de Strasbourg à partir de 1825. Dès sa thèse de licence soutenue en 1828 (Sur la quotité disponible) dont le sujet – tiré au sort – était a priori assez éloigné de ses préoccupations philosophiques et historiques, le jeune Klimrath affirmait crânement vouloir se consacrer à une nouveauté doctrinale introduite en France par son maître Arnold ©, en fait un programme dirigé contre la « dictature » du Code Civil et du positivisme ambiant. Après un passage en faculté des Lettres – le temps de décrocher une licence (1829) –, Klimrath retourna à Paris (1830-1832), puis fit un séjour à Heidelberg (1832-1833), où il fut l’élève de juristes qui alors étonnaient l’Europe : Zachariae (1769-1843) – le modèle des Strasbourgeois Aubry © et Rau © Thibaut (1772-1840) et Mittermaier (1787-1867). Il revint à Strasbourg soutenir, « aux applaudissements de toute la Faculté », sa thèse de doctorat Essai sur l’étude historique du droit et son utilité pour l’interprétation du code civil, thèse dont le titre déjà était provocateur, les lois napoléoniennes sur l’introduction du Code Civil ayant expressément prohibé tout recours aux sources historiques. La doctrine iconoclaste fut illustrée, dans la foulée, par un cours libre d’histoire du droit français (1833-1834). Cette même année, Klimrath renonça à une chaire de Pandectes à l’Université libre de Bruxelles, préférant se consacrer exclusivement à l’histoire du droit. Fin 1834, le voilà à nouveau à Paris où pendant deux années il fouilla archives et bibliothèques, à la recherche des sources anciennes du droit coutumier. La récolte fut prodigieuse, et en fort peu de temps – il ne lui restait qu’à peine trois années à vivre –, il publia non seulement une série de documents inédits d’importance capitale, mais aussi des études, voire des traités complets, qui aujourd’hui encore font autorité. En été 1837, il retourna à Heidelberg pour compléter sa documentation européenne auprès de Mittermaier, tout en continuant à publier études et articles que ce parfait bilingue rédigeait même en langue allemande lorsqu’on le lui demandait. Il collaborait notamment à la Revue de législation et de jurisprudence, à la Nouvelle revue germanique et à la Revue du progrès social. À son décès, il laissa d’importants manuscrits, dont des Études sur les coutumes et des travaux sur l’histoire du droit français. Avec Arnold, Klimrath a été, en France, à l’origine de la discipline universitaire de l’histoire du droit qui prend en compte, outre le droit positif, l’étude des coutumes et de la réalité sociologique. Il est cependant étonnant qu’il ne semble pas avoir travaillé sur des sources ou des coutumes alsaciennes.

Une bonne partie des inédits de Klimrath ont été publiés, avec l’aide de la mère de Klimrath, dans Travaux sur l’histoire du droit français, mis en ordre par L. A. Warnkoenig, Strasbourg-Paris, 1843, 2 vol. Dans la préface de cet ouvrage on trouvera la liste – non exhaustive – des travaux publiés dans diverses revues. Y ajouter, par ex., Notice sur feu M. Henri Lagarmitte, Paris, 1834 (Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M 25988).

L. Wolowski, Notice sur feu Mr Henri Klimrath, parue dans la Nouvelle revue germanique et dans la Revue de législation et de jurisprudence (Strasbourg), s.d. [1837] ; Ch. Chr. L. Cuvier, « Mes souvenirs sur H. Klimrath », Nouvelle revue germanique 12, livre 3e, p. 103 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 42 (plusieurs erreurs, notamment l’année de naissance, placée en 1795) ; J. Bonnecase, La Faculté de Droit de Strasbourg (An XII-1871), Toulouse, 1916, p. 184-188 ; M. Thomann, « La Faculté de Droit de Strasbourg dans son environnement social, économique, intellectuel et politique du XVIe au XXe siècle », Les Universités du Rhin supérieur de la fin du Moyen Age à nos jours – Actes du colloque organisé à l’occasion du 450e Anniversaire des enseignements supérieurs à Strasbourg, Strasbourg, 1988, p. 71-81 (avec bibliographie).

† Marcel Thomann (1993)