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LAUTENBACH Conrad (Kunz) (Jacobus FRANCUS, Thrasibulus Torrentinus MUTISLARENSIS)

Pasteur, traducteur et polygraphe, (PI) (★ Motzlar, Thuringe, 1534 † Francfort-sur-le-Main, Hesse, 18.4.1595).

Filiation inconnue. ∞ 31.10.1558 (lieu inconnu) Anna Weygolt, de Rottenburg am Neckar ; 4 enfants. Après ses premières études à Eisenach et Nordhausen, puis un périple auprès de diverses universités allemandes, L. se fixa en mai 1553 à Strasbourg, où il parcourut les classes du Gymnase de Jean Sturm © et fréquenta de 1556 à 1558 les cours de la Haute-Ecole, en philosophie chez Valentin Erythraeus © et en théologie chez L. Rabus ©, H. Zanchi © et surtout Joh. Marbach ©. Ce dernier lui procura successivement un poste de prédicateur à Mundolsheim (1557), puis de diacre à St-Pierre-le-Jeune (1557), à la paroisse de la cathédrale (1558-1560), ensuite de pasteur à Dorlisheim (1561-1562), à Neuwiller-lès-Saverne (1562-1564), enfin à Hunawihr (1564-1580), où il rédigea ses premières traductions et commença sa continuation des Commentaires de Sleidan ©. Intéressé par ce projet, l’Electeur Palatin Ludwig VI l’appela en 1580 à Heidelberg comme prédicateur à la Heiliggeistkirche, et le chargea de remettre de l’ordre dans la fameuse Bibliothèque palatine. Mais la mort de l’électeur en octobre 1583 et la réaction calviniste qui s’ensuivit ne permirent pas à L., luthérien orthodoxe, de rester à Heidelberg et l’empêcha de publier sa continuation du Sleidan. Il se réfugia donc en 1584 à Strasbourg, d’où, deux mois après, il fut appelé par le Magistrat de Francfort au poste de pasteur à St. Katharinen qu’il occupa jusqu’à sa mort subite, le jour du Vendredi Saint 1595, après dix années de travail littéraire intense dans cette métropole du livre. Son œuvre comprend en premier lieu ses traductions en allemand faites à Hunawihr, d’abord de l’écrit de propagande protestante de M. Flacius lllyricus ©, Historia der Zeugen, Francfort, 1573, puis d’Ulrich Molitor, Von Hexen und Unholden, Strasbourg, 1575 (repris en 1586 dans le volume composite Theatrum de veneficiis, où figure aussi sa traduction Trithemii… Antwort auf… Fragen… von… Kaiser Maximilian), enfin surtout sa traduction de Josèphe et d’Hégésippe qui prit la relève de celle de Hedio © et connut un succès durable en près d’une vingtaine de rééditions jusqu’en 1736: Flavii Josephi des…jüdischen Geschichtsschreibers Historien und Bücher, Strasbourg, Th. Rihel, 1574 etc., et Egesippi… fünf Bücher vom jüdischen Krieg und… Zerstörung… Jerusalem, Strasbourg, Th. Rihel, 1574 etc. A Heidelberg, il commença à traduire en vers allemands de sa facture des ouvrages de piété illustrés de gravures, genre qu’il continua à cultiver à Francfort : Neue verbesserte Ausgabe der… von Joh. Clausen in teutsche Verse gebrachten Psalmen Davids, Heidelberg, 1583 ; Icones Evangeliorum… mit lateinischen und teutschen verslein, 1587 ; Spiegel geistlichen Lebens auss Cor. Museilateinischen rhitmis in teutsche Reimen versetzt, 1590. De même, il agrémenta de ses vers allemands, sous le pseudonyme de Thrasibulus Torrentinus Motislariensis, les gravures de costumes féminins du célèbre graveur Jost Ammann : Im Frauwenzimmer wird vermeld von allerley schönen Kleidungen und Trachten der Weiber, Francfort, Sigm. Feyrabend, 1586 (nouvelle éd. 1592). De plus, des recherches récentes permettent de lui attribuer une part anonyme importante à la rédaction et publication du «Faustbuch» de 1587: Historia von Dr. Johann Fausten, Francfort, J. Spiess, 1587, conçu comme apotropaïque contre la soif d’omniscience de l’incrédule. Enfin, L. a été lui-même un agent du progrès dans le domaine de l’information en lançant, sous le pseudonyme de Jacobus Francus, une série nouvelle, les «Messrelationen» de Francfort, donnant semestriellement le récit de ce qui s’était passé en Europe et dans le monde entre chacune des foires francfortoises de printemps et d’automne: Historicae Relationis Complementum 1591, puis Continuatio. Warhaftige Beschreibung… 1595, qui connut un grand succès et fut continuée après sa mort sous son pseudonyme jusqu’au XIXe s.

Une vingtaine de lettres de L. à Joh. Pappus sont conservées à la Staats- und Universitätsbibliothek de Hambourg et aux AST. Liste des œuvres : H. Häuser, art. cit. infra, n° 3, 7-10, 12-16, 31, 33, 51. Pour les impressions strasbourgeoises, cf. Ritter II, 1938, n° 1113-1118 et 1279-1284. Pour les Messrelationen, cf. Verzeichnis der im deutschen Sprachgebiet erschienenen Drucke des 16. Jhdts VII, f. 2218-2254.

Joan. Monninger, … Leichpredigt… Conradi Lautenbachi…, Francfort, 1596 ; M. Adam, Vitae Germanorum theologorum, Heidelberg, 1620, p. 665-667 ; P. Freher, Theatrum virorum eruditione clarorum, Noribergae, 1688, p. 290-291 (portrait) ; J. C. Adelung, H. W. Rotermund, Fortsetzung und Ergänzung zu C. G. Jöchers allgemeinen Gelehrten-Lexikon, IV, Brême, 1813, c. 1414-1415 ; F. Stieve, Über die ältesten halbjährigen Zeitungen oder Messrelationen, Munich, 1881, p. 46-49 ; ADB XVIII, 1883, p. 71-72 ; F. Horning, Der Jung-St. Peterkirche -Diakon Conrad Lautenbach (1557), Mitteilungen aus der Geschichte der Jung-St. Peterkirche in Strassburg 2, 1898 ; L. Salomon, Geschichte des deutschen Zeitungswesens, I, Oldenburg-Leipzig, 1900, p. 28-34 ; Sitzmann II, 116-117 (erreurs de date) ; H. Dechent, Kirchengeschichte von Frankfurt a/M, I, Leipzig, 1913, p. 263-265 ; Bopp I, p. 326, n°3092 (avec bibliographie) ; H. Häuser, Zur Verfasserfrage des Faustbuchs von 1587 : Konrad Lautenbach, Euphorion 66, 1972, p. 151-179 ; Deutsches Literatur-Lexikon IX, Berne-Munich, 1984, c. 1030 ; Literatur-Lexikon, hrsg. v. W. Killy, III, Munich, 1989, p. 339.

Jean Rott (1994)