Skip to main content

LANGWEIL Florine

Mécène, collectionneuse, marchand et spécialiste d’art extrême-oriental, (I) (★ Wintzenheim 10.9.1861 d. Paris 22.12.1958).

Fille d’Isaac Ebstein (★ Wintzenheim 28.1.1826) et de Barbe Bluem (★ Bergheim 2.9.1822). Sixième d’une famille de sept enfants, ∞ 1885 Charles Langweil, 2 enfants.

Orpheline, elle quitta l’Alsace pour Paris en 1881 et y rencontra son futur mari, antiquaire. Après huit ans de mariage, Charles Langweil abandonna sa famille et son magasin boulevard des Italiens. Florine L. reprit l’affaire de son mari et se spécialisa dans les domaines de l’art chinois et japonais, s’occupant depuis Paris de l’importation directe des objets d’Extrême-Orient. Elle obtint en quelques années une solide réputation au point de figurer parmi les plus grands spécialistes de l’art extrême-oriental. Son affaire prenant de l’ampleur, elle acheta une vaste maison aristocratique au 26 de la place Saint-Georges et y installa son magasin inauguré en janvier 1903. Du 9 au 13 janvier puis du 5 au 30 décembre 1911, elle organisa chez Durand-Ruel deux expositions montrant les plus belles pièces de sa collection d’art chinois. Parmi ses clients et admirateurs de sa collection, figuraient de nombreux artistes, écrivains, hommes politiques. Par leur intermédiaire, certaines pièces données à l’origine au Louvre sont aujourd’hui conservées au musée Guimet. Les grands musées tels que ceux de Boston, Hambourg, Düsseldorf ou Saint-Pétersbourg furent également ses clients. Le Vatican la consulta pour expertiser les collections de la papauté. En novembre 1913, elle se retira des affaires et fit bénéficier les musées parisiens (Louvre, musée des arts décoratifs) et alsaciens (Strasbourg, Colmar, Mulhouse) de ses collections. Elle s’installa rue de Varenne dans l’ancien hôtel de Talleyrand, s’entourant dans trois salons immenses des plus belles pièces de ses collections qu’elle avait conservées. En 1915, alors que la France était envahie, elle fonda et installa chez elle une œuvre d’aide aux réfugiés, La Renaissance des foyers en Alsace et organisa des expositions au profit de l’armée française. Pour ses actions pendant la guerre, elle reçut en 1921 la légion d’honneur à Wintzenheim. En 1923, elle fonda le Prix de français en Alsace et continua ses importants dons d’objets d’art aux musées alsaciens. En 1926, elle fonda une crèche dans son village natal.

Pendant la seconde guerre mondiale, elle se réfugia à Albi, Peyrat-le-Château, Toulouse avant d’acheter une propriété à Bergerac où elle séjourna de 1941 à 1943. Sous le nom de Madame Langlois pour dissimuler ses origines juives, elle se réfugia à Paris puis en Normandie près de Verneuil où elle passa les 8 derniers mois de la guerre. Ses collections restées à Paris furent mises en partie à l’abri dès 1939 dans une chambre forte de la Banque de France. Une grande partie des collections demeura rue de Varenne et fut saisie sur les ordres de Hermann Goering. En 1949, la Commission de Récupération retrouva et restitua la quasi totalité des œuvres. La santé de Florine L. se dégrada à partir de cette date. Ses collections furent vendues selon sa volonté à l’Hôtel Drouot en juin 1959. En 1935, elle reçut à Colmar la rosette d’officier de la Légion d’honneur.

AMC, 2R1, boîte 21 ; AMS, fonds Hoffmann ; Musée d’Unterlinden, archives, 1C2/2, registre des dons 1887-1927 ; « Inauguration de l’hôtel de Madame F. Langweil », Le Figaro, 19.1.1903 ; « Un merveilleux paravent d’art chinois ancien », édition parisienne du New York Herald, 19.3.1908 ; « Vases et joyaux précieux venus de l’Empire du Milieu – Les vitrines de la maison Langweil en offrent un choix des plus variés », édition parisienne du New York Herald, 30.12.1908 ; A. Alexandre, « Une exposition révélatrice », Le Figaro, 9.1.1911 ; « Dans l’Empire du rêve », Le Figaro, 11.12.1911 ; « Fin d’un rêve d’art », Le Figaro, 11.11.1913 ; Cent ans de peinture française, Paris, Chambre syndicale de la curiosité et des Beaux-Arts, 1922 ; Bulletin de la Société Schongauer 1911-1923, p. 28, 32, 34 ; 1923-1933, p. 7-15 ; 1947-1960, p. 35-36, 40-41, 43-44, 49, 65 ; Société Schongauer à Colmar. Compte rendu de l’Assemblée générale du 30.6.1934, Colmar, s.d., p. 6 ; Société Schongauer à Colmar. Compte rendu de l’Assemblée générale du 4.7.1936, Colmar, p. 7 ; « L’art asiatique en Alsace », Le Figaro, 19.12.1929 ; J.-J. Waltz., La salle Langweil, L’art d’Extrême Orient au musée des Unterlinden à Colmar, Mulhouse-Dornach, 1929 ; J-A. Jaeger, « Sur la rosette rouge de Madame Langweil », L’Alsace Française, n° 19, 10.7.1935, p. 381-383 ; J.R. Debrix, « La Fée du sourire et son palais des mille et une merveilles », VA, 1935, p. 212-214 ; Josse, « La collection Langweil sera dispersée le 4 juin en matinée et aux chandelles à la galerie Charpentier », Le Figaro, 2.6.1959; Catalogue de vente de la collection de Madame Langweil, Objets d’art de la Chine, Galerie Charpentier, Paris, jeudi 4.6.1959, Hôtel Drouot, Paris, vendredi 5.6.1959 (voir notamment les articles de J-A. Jaeger, « Quelques souvenirs sur Madame Langweil, Officier de la Légion d’Honneur, 1861-1958 » et de Langweil-Nouffiard B., « La maison d’affaires de Madame Langweil ») ; J. Couvreur, « Le souvenir de l’Alsacienne au grand cœur », Le Monde, 5.6.1959 ; André Noufflard, Berthe Noufflard, leur vie leur peinture, une évocation par leurs filles et leurs amis, Pacy-sur-Eure, 1982 ; Du côté de Fresnay. André et Berthe Noufflard et le cercle de leurs amis, cat. exp., Rouen, musée des Beaux-Arts, 1983 ; André et Berthe Noufflard, deux peintres témoins d’une époque 1910-1970, cat. exp., Paris, musée Thiers, 1985.

Frédérique Gœrig (2006)