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UNGERER Jean Thomas dit Tomi

Dessinateur, graphiste (★ Strasbourg 28.11.1931). Fils de Charles Ungerer ©. Pendant son enfance passée à Colmar, il a vécu les événements de la guerre de 1939-1945 (l’endoctrinement nazi pendant sa scolarité, l’épisode de la poche de Colmar) comme en témoignent ses dessins de l’époque publiés dans À la guerre comme à la guerre. Sa jeunesse a ensuite été marquée par de nombreux voyages à bicyclette et en auto-stop qui lui ont fait découvrir toute l’Europe. Après s’être engagé dans le corps des Méharistes en Algérie, il est entré en 1953 à l’École municipale des Arts décoratifs de Strasbourg, dans la section graphisme, tout en travaillant comme étalagiste et dessinateur publicitaire. Son intérêt pour les États-Unis — il fréquentait alors le Centre culturel américain — l’a poussé à effectuer un premier séjour à New York ; il s’y est installé en 1957. Cela a alors été, selon les propres termes de l’artiste, « un départ fulgurant aux activités très diversifiées » : dans les années 60 et 70, il a réalisé des campagnes publicitaires (dont l’une des plus importantes est celle du New York Times) et des affiches politiques contre la guerre du Vietnam et le ségrégationnisme racial ; il a dessiné et écrit des livres pour enfants (la série des Mellops, Les trois brigands, Jean de la Lune, La grosse bête de Monsieur Racine…), a publié des livres de « cartoons » satiriques sur les thèmes du couple, de la société, de la guerre, de la société de consommation (The Underground Sketchbook, The Party,….) et érotiques (Fornicon). Cependant, lassé de la vie new-yorkaise, il a décidé, en 1971, de partir pour le Canada, en Nouvelle-Écosse, pour vivre dans une ferme (une expérience qu’il a relatée en textes et en dessins dans son livre Far out isn’t far enough). En 1975, il s’est installé dans le Sud de l’Irlande, pays où il séjourne depuis lors. La même année, il a fait une première donation d’une partie de sa collection de jouets et de son œuvre graphique aux Musées de Strasbourg, renouant ainsi avec sa région natale. Continuant d’exercer son talent créateur dans tous les domaines graphiques, il a publié à cette époque Das grosse Liederbuch, recueil de chansons allemandes illustrées, qui demeure à ce jour son plus grand succès en librairie. Il a réalisé entre 1975 et 1979 de nombreuses campagnes publicitaires pour l’Allemagne et des livres sur le thème de la satire sociale et politique comme Babylon et Politrics. Ses séjours en Alsace sont devenus, par la suite, de plus en plus fréquents : en 1988, il a dessiné les plans de l’Aqueduc de Janus, érigé pour le bimillénaire de la ville ; en 1990, il a pris l’initiative de la « Culturbank », association destinée à favoriser les échanges culturels franco-allemands, et, en 1991, a fait une seconde donation aux Musées dont la collection, consultable par le public dans un centre de documentation, est à présent riche de 8000 dessins originaux, de 1000 affiches et estampes, de 4000 jouets et d’un important fonds d’archives. Depuis, l’un des événements marquants de sa production fut la parution, en 1997, après plus de 20 ans de silence dans le domaine du livre pour enfants, de Flix et, les années suivantes, de Tremolo, d’Otto et du Nuage bleu. Tomi Ungerer s’est également engagé, dans les années 90 pour des causes humanitaires avec, entre autres, de nombreuses affiches pour Amnesty International, la Croix-Rouge, contre le Sida. De nombreuses distinctions échelonnent sa carrière dont le Grand prix du New York Herald Tribune’s pour son livre pour enfants The Mellops go flying (1957), la médaille d’or de la « Society of lllustrators » de New York (1969), le Grand Bretzel d’or de l’Institut des arts et traditions populaires (1980), le prix du meilleur « cartoonist » mondial à Montréal (1981), le prix Burckhardt de la Fondation Goethe à Bâle (1983), le Grand prix des Arts graphiques du ministère de la Culture française (1995), le prix Hans Christian Andersen — petit Nobel du livre pour enfants — (1998), le prix européen de la culture (1999), le Heimatpreis (2000). Il est commandeur de l’ordre des Arts et Lettres (1984), chevalier (1990), puis officier de la Légion d’honneur (2001). L’ordre du Deutscher Bundesverdienstkreuz lui a été décerné (1993).

Bibliographie sommaire parmi ses 140 publications :

Livres pour enfants : The Mellops go flying (Les Mellops font de l’avion), 1957 ; The Mellops go diving for treasure, 1957 ; The Mellops strike oil (Les Mellops trouvent du pétrole), 1958 ; Crictor (1958) ; Adelaide, 1959 ; Christmas Eve at the Mellops (Les Mellops fêtent Noël), 1960 ; Emil (Émile), 1960 ; Rufus, 1961 ; Die drei Räuber (Les trois brigands), 1961 ; The Mellops go spelunking (Les Mellops spéléologues), 1963 ; Der Mondmann (Jean de la Lune), 1966 ; Zeralda’s Ogre (Le géant de Zeralda), 1967 ; The Sorcerer’s Apprentice (L’apprenti sorcier), 1969 ; The Hat (Le chapeau volant), 1970 ; l’m Papa Snap and these are my favourite no such stories (Les histoires farfelues de Papaski), 1971 ; The Beast of Monsieur Racine (La grosse bête de Monsieur Racine), 1971 ; No Kiss for Mother (Pas de baiser pour maman), 1973 ; A Storybook from Tomi Ungerer, 1974 ; Allumette, 1974 ; Heidis Lehr- und Wanderjahre (Heidi, Monts et merveilles), 1978 ; Heidi kann brauchen, was es gelernt hat (Heidi devant la vie), 1978 ; Flix, 1997 ; Tremolo, 1998 ; Otto, 1999 ; Die blaue Wolke (Le nuage bleu), 2000. Livres pour adultes : Horrible, 1960 ; Inside Marnage, 1960 ; Der Herzinfarkt, 1962 ; The Underground Sketchbook (Les carnets secrets de Tomi Ungerer), 1964 ; The Party (Une soirée mondaine), 1966 ; Basil Ratzki, 1967 ; Fornicon, 1969 ; Spiegelmensch, 1973 ; America, 1974 ; Das grosse Liederbuch, 1975 ; Totempole, 1976 ; Babylon, 1979 ; Politrics, 1979 ; Symptomatics, 1982 ; Slow Agony, 1983 ; Heute hier, morgen fort, 1983 ; Rigor mortis, 1983 ; Warteraum, 1985 ; Schutzengel der Hölle, 1986 ; Schnipp-Schnapp oder Was ist was ? (Clic-Clac ou qu’est-ce que c’est ? 1989 ; À la guerre comme à la guerre, 1991 ; Cats as cats can, 1997 ; Mon Alsace, 1997 ; Vracs, 2000.

François Lotz, Artistes-peintres d’Alsace vivant et œuvrant à la date du 1er janvier 1982, Kaysersberg, 1985, p. 330-331 (bibliographie). Nombreux articles dans la presse internationale, nationale et régionale dont, pour les plus récents, Dernières Nouvelles d’Alsace des 24.5.1998, 23.9, 16.11, 28.11, 5.12.1999, 5.1, 30.9 (portrait), 10.10 (portrait), 12.10 (portraits), 25.11, 7.12., 31.12.2000 (portraits), 15.1, 3.2, 18.4 (portrait), 15.5. (portrait) et 16.5.2001.

Thérèse Willer (2001)

† Cork (Irlande) 9.2.2019.

« Les cendres de Tomi Ungerer partagées entre Strasbourg et l’Irlande », Dernières Nouvelles d’Alsace, 12.2.2019

Philippe Legin (avril 2022)