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BOURDELLE Émile Antoine

Sculpteur (★ Montauban 10.10.1861 † Le Vésinet 1.10.1929). ∞ I 1.10.1900 Stéphanie Van Pareys. ∞ 1910 Cléopâtre Sevastos. Sa formation débuta à l’école des Beaux Arts de Toulouse (1876-1884), avant de se poursuivre à celle de Paris, chez Falguière. Il fréquenta également l’atelier de Dalou (1886-1890), avant de devenir le collaborateur de Rodin (1893-1908). Il exposa pour la première fois au salon de 1884. Ce fut le début d’une œuvre abondante qui compte plus de mille sculptures. Son art témoigne d’un tempérament lyrique et romantique, il présente un caractère monumental, servi par la recherche d’une stylisation de tendance archaïsante inspirée des époques grecque ou romane. En produisant une centaine de bustes, B. fut aussi un grand portraitiste. C’est en cette qualité qu’il fut appelé à Strasbourg en juillet 1914 pour exécuter le buste du professeur Koeberlé ©, alors âgé de 86 ans. À travers l’intensité expressive de ce portrait, Bourdelle donna « l’image de la vieillesse triomphante ». L’artiste repartit par le dernier train pour Paris, avant la mobilisation du 1er août et, en 1919, offrit le bronze à la faculté de médecine de Strasbourg. Ainsi Bourdelle avait noué avec l’Alsace des relations sentimentales et patriotiques qui allaient se traduire par d’autres interventions. Entre 1913 et 1923, le sculpteur réalisa ce qui est peut-être son chef d’œuvre, le monument du général Alvear, le libérateur de l’Argentine, destiné à Buenos Aires. En 1921, R. Danis © acquit pour Strasbourg les maquettes en plâtre de deux des figures allégoriques de ce monument (3,72 m de haut). Il s’agissait de La Liberté et de La Victoire qui étaient devenues aux yeux de Bourdelle les symboles de la guerre menée par la France. Après leur exposition au Palais du Rhin, ces œuvres furent détériorées et envoyées en 1992 au Musée Bourdelle à Paris. Du même envoi faisait partie la maquette en plâtre (2,50 de haut) de la Vierge à l’offrande qui avait été confiée à l’Université de Strasbourg. C’est en 1919 que Bourdelle avait reçu la commande de ce « grand ouvrage », une Vierge à l’Enfant que, pour répondre au vœu des époux Joseph Vogt ©, leur fils fit dresser au-dessus de Niederbruck, épargné par la guerre. La statue en pierre, de 6m de haut avait été inaugurée en 1923, après avoir été achevée sur place, en taille directe, par B. Elle montre la mère divine présentant l’enfant qui ouvre des bras en croix sur le monde. Un exemplaire de cette Vierge d’Alsace de 2,50 de haut a été installé au cimetière du Ladhof à Colmar, un autre dans la crypte du Hartmannswillerkopf, réalisée selon les plans de R. Denis © qui, par ailleurs, commanda à Bourdelle les deux Victoires en bronze qui flanquent l’entrée (1925). En 1945, enfin, l’Université de Strasbourg obtint pour sa rentrée solennelle le prêt du modèle en plâtre de La France (1923) dont Mme Bourdelle fit don en 1948 à l’Université où elle fut conservée dans un état pitoyable. Malgré cela, quatre plâtres originaux, une sculpture en pierre, cinq en bronze attestent les liens qui ont existé entre l’Alsace et celui qui fut « le plus célèbre des Français de son temps » (A. France, 1929).

Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart,, IV, 1910, p. 455; H. Vollmer, Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler des 20. Jh., I, Leipzig, 1953, p. 284-285 ; I. Jianou et M. Dufet, Bourdelle, Paris, 1984 ; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, 2, 1976, p. 232-233 ; A. Lerch, « La Vierge d’Alsace à Niederbruck », Patrimoine Doller, 1990-1991, p. 62-65 ; Saur, Allgemeines Künstler-Lexikon, 13, München, Leipzig, 1996, p. 358-359 ; Dictionary of art, 4, London, 1996, p. 568-569 ; Canton de Masevaux (Patrimoine d’Alsace, 7), Strasbourg, 2001, p. 71, 76- 77 ; G. Gardes, « Le patrimoine sculpté de Bourdelle en Alsace », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, XLV, 2002, p. 151-164.

Roger Lehni (2004)