Skip to main content

BLANKENHEIM Frédéric

Evêque de Strasbourg, (★ 1355 † 1423), membre d’une grande famille de l’Eifel, était le parent éloigné des Valois. Il dut à ses origines nobles des débuts aussi précoces qu’éclatants dans la carrière ecclésiastique : il n’avait pas encore dix ans qu’il était déjà chanoine d’Utrecht. Il se rendit à Paris pour y faire des études de droit. À vingt ans, en 1375, il obtint, par la grâce du Saint-Siège, l’évêché de Strasbourg. Ce n’était à ses yeux que la première étape d’une ascension qu’il voulait beaucoup plus brillante. Il s’efforça de parvenir sur le siège de Trêves parce qu’il espérait ainsi participer en tant que prince électeur à la direction de l’Empire (1389). Ses intrigues et ses ambitions le détournèrent du diocèse dont il avait la charge. Il semble bien ne l’avoir considéré que comme une source de revenus. Il fit argent de tout, aggravant les impôts qui pesaient sur le clergé, abusant du droit des dépouilles, exploitant sans vergogne ni souci de l’avenir, toutes les ressources de son temporel. Quand il se fut rangé dans le camp clémentiste, que patronnait le roi de France, les clercs de Strasbourg et du plat pays trouvèrent dans cette prise de position le prétexte qu’ils cherchaient depuis quelque temps pour désobéir à leur évêque : ils suivirent les partisans du pape romain. En même temps, les chapitres constituèrent un front uni pour résister aux exigences fiscales du prélat. En 1384, après six ans de conflit, Frédéric se vit contraint de céder ; il revint dans l’obédience romaine et les collégiales reçurent enfin la promesse de ne pas être mises à contribution sans y avoir expressément consenti. F. de Blankenheim soupçonnait la ville de Strasbourg d’avoir encouragé l’insubordination des clercs. Il était d’autant plus enclin à la punir qu’il était son débiteur et qu’il comptait bien, tôt ou tard, faire annuler les créances des bourgeois. À la suite d’un incident, que vint compliquer un malentendu, la cité fut mise au ban de l’Empire. L’évêque crut le moment venu d’abattre cet adversaire. En septembre 1392, il réunit les contingents de tous ceux qui pour des motifs semblables aux siens détestaient Strasbourg. Trois assauts restèrent sans succès. Le pont du Rhin, qui avait été construit quatre ans plus tôt, ne put être détruit. Cet échec découragea F. de Blankenheim. Dès qu’il eut obtenu le siège d’Utrecht, il quitta précipitamment l’Alsace (juin 1393). Les finances épiscopales avaient été mises à mal par son gouvernement désordonné.

Les Strasbourgeois, qui avaient dû déployer toute leur énergie pour tenir bon contre F. de Blankenheim, considérèrent avec plus de méfiance encore que par le passé les évêques successeurs de ceux qu’ils avaient affrontés en 1262 et en 1392-93. À Utrecht, Frédéric ne se comporta pas autrement qu’à Strasbourg. La politique le passionnait bien plus que l’accomplissement de sa tâche pastorale. Toutefois, il ne gêna pas l’action de ses suffragants, qui étaient des religieux zélés et qui firent preuve de sollicitude envers les tertiaires de saint François et les chanoines de Windesheim.

F. J. Mone, Quellensammlung der badischen Landesgeschichte, Karlsruhe, 1845, I, p. 266-277, III, 1863, p. 124 ; C. Hegel, Chroniken der deutschen Städte, 9, Leipzig, 1871, p. 678-696 ; L. C. M. Schmedding, Regeering van F. van Blankenheim, Bishop van Utrecht, Leyde, 1889 ; F. de B. Polman, Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, 9, 1935, c. 143-145 ; F. Rapp, Réformes et Réformation à Strasbourg Paris, 1974, p. 115-122.

Francis Rapp (1984)