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BALDE Jakob (Jacques, Jacobus)

 

Jésuite et écrivain (C) (★ Ensisheim 4.1.1604 † Neubourg sur le Danube 9.8.1668). Fils de Hugues Balde de Giromagny, greffier de tribunal à Ensisheim, et de Magdalena Wittenbach d’Ensisheim. École de Belfort, collège jésuite d’Ensisheim (1618-1620), académie de Molsheim (logique et physique 1620-1622), université d’Ingolstadt (métaphysique 1622-1623. Maître en philosophie le 23.5.1623, puis début d’études de droit). Sollicita son admission dans la Compagnie de Jésus le 28.6.1624. Noviciat à Landsberg sur le Lech (1624-1626). Professeur dans les classes de grammaire, puis d’humanités au collège de Munich (1626-1628), où il subit l’influence du grand latiniste jésuite, Jakob Keller. A Innsbruck, à partir d’octobre 1628, où il enseigna la rhétorique et remplit les fonctions de poète officiel de la cour. Composa son Panegyricus equestris. Études de théologie à l’université d’Ingolstadt (1630-1634). Ordination sacerdotale le 24.9.1633. Professeur de rhétorique et auteur dramatique au collège d’Ingolstadt (1635-1637). Mêmes fonctions à Munich en 1637, où il dirigea aussi la grande congrégation mariale et servit de précepteur à Albert-Sigismond, fils du duc Charles, lui-même frère de l’électeur Maximilien de Bavière. Au printemps de 1638, succéda au plus grand orateur catholique du temps, Jeremias Drexel, S.J., prédicateur officiel de la cour des Wittelsbach. En juillet 1640, Maximilien fit de lui son historiographe. Balde, alors mêlé à la politique, fut associé aux préparatifs de l’armistice d’Ulm (1647) et des traités de Westphalie. Se lia d’amitié avec le négociateur français, Claude II de Mesmes, comte d’Avaux, à qui il dédia le livre IX de ses Silvae, les Memmiana. Après 1648, B. fut déchargé de ses travaux historiques qui lui pesaient et put se consacrer à la littérature à Landshut, puis à Amberg et enfin à Neubourg, où il eut un rôle déterminant dans les relations entre la famille régnante et les Jésuites.

Brillant dramaturge (sénéquisme chrétien), redoutable auteur satirique, tempérament lyrique exceptionnel, Balde a été un des tout premiers poètes de l’Allemagne du XVIle siècle. Reconnu comme tel, même en milieu protestant, où il fut abondamment lu et traduit, il sombra dans l’oubli jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, où il fut redécouvert par Goethe, Schlegel et surtout Herder. Son œuvre, par son étendue, sa virtuosité et sa haute valeur spirituelle, marqua l’apogée germanique de la littérature néo-latine inspirée de l’antiquité. Elle incarne pareillement la « conversion » des lettres au catholicisme posttridentin et donc l’aboutissement du processus qui conduit de la Renaissance au baroque.

Panegyricus equestris…, Munich, 1629 (en l’honneur d’Othon Henri Fugger) ; Maximilianus Primus Austriacus, Ingolstadt, 1631 ; Epithalamion (mariage de Maximilien de Bavière et de Maria Anna d’Autriche), Munich, 1635 ; De vanitate mundi, Munich, 1637 (100 odes) ; Batrachomyomachia Homeri..., Ingolstadt, 1637 (épopée) ; Templum honoris (pour l’empereur Ferdinand III), Ingolstadt, 1637 ; Agathyrsus…, Munich, 1638 ; Ehrenpreiss der Allerseligsten Jungkfrawen und Mutter Gottes Mariae, Munich, 1638 ; Sylvarum libri VII. Munich, 1643 ; Lyricorum libri IV et Epodon libeunus, Munich, 1643 ; Medicinae gloria per Satyras XXII. asserta, Munich, 1643 ; Paraphrasis lyrica in Philomelam D. Bonaventurae Doctoris Ecclesiae, Munich, 1645 ; Poesis esca sive drama georgicum, Munich, 1647 (texte pacifiste, dédié à Claude de Mesmes) ; Chorea mortualis, Munich, 1649 (mort de Léopoldine, épouse de l’empereur Ferdinand III) ; Jephtias Tragoedia, Amberg, 1654 (pièce jouée pour la première fois à Ingolstadt en 1637 et remaniée pour l’impression) ; Geniale carmen in persona trium Gratiarum, Neubourg, 1655 (pour Eléonore, Magdalena et Thérèse, filles de Philippe Guillaume, comte palatin du Rhin) ; Satyra contra abusum tabaci, Munich, 1656 ; Musae Neoburgicae…, Neubourg, 1658 (naissance du jeune prince Jean Guillaume de Neubourg) ; Vultuosae Torvitatis Encomium, Munich, 1658 (éloge des laids) ; Antagathyrsus sive apolgia pinguium, Munich, 1658. Cf. numéro 7 ; Solatium Podagricorum, Munich, 1661 ; De Eclipsi Solari, Anno M.DC.LIV, Munich, 1662 ; Urania Victrix, Munich, 1663 ; Expeditio Polemico-Poetica, Munich, 1663 (littérature antique et moderne) ; Paean Parthenius, Cologne, 1664 (éloge de Sainte Ursule et des 11 000 Vierges) ; Magnus Tillius redivivus, Munich, 1678 (posthume) ; Jocus serius theatralis (1629). Mitgeteilt von Jean-Marie Valentin, Euphorion, 66, 1972, 4, p. 412-436.

Pour les éditions et rééditions des œuvres de Balde, se reporter à Carlos Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Bruxelles-Paris, 1890, T. II, col. 824-827. G. Westermayer, Jacobus Balde, sein Leben und seine Werke, Munich, 1868 ; J. Bach, Jakob Balde, der neulateinische Dichter des Elsasses, Strasbourg, 1885 ; J. Bach, Jakob Balde, ein religiös-patriotischer Dichter aus dem Elsass. Dictionnaire de biographie française IV (1948) p. 1419 ; Neue deutsche Biographie I. (1953), p. 549 ; Fribourg-en-Brisgau, 1904 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 1, 1909I, p. 78-79 ; M. Wehrli, Jacob Balde. Dichtungen lateinisch und deutsch, Cologne et Olten, 1963 ; M. Heinrich Müller, Parodia christiana, Studien zu J. Baldes Odendichtung, Zurich, 1964 ; Jakob Balde. Festschrift zur 300. Wiederkehr seines Todestages, Neubourg sur le Danube, 1968 (collectif) ; R. Berger, Jacob Balde, Die deutschen Dichtungen, Bonn, 1972 ; J. Galle, Die lateinische Lyrik Jacob Baldes und die Geschichte ihrer Übertragungen, Munster 1973 ; J. M. Herzog, Divina Poesis. Zu Jacob Baldes Odendichtung, Tübigen, 1976 ; E. Schäfer, Deutscher Horaz, Wiesbaden, 1976 ; Jean-Marie Valentin, Le théâtre des Jésuites dans les pays de langue allemande (1554-1680) ; Salut des âmes et ordre des cités, Berne, 1978, vol. Il, p. 757-795. Bibliographie détaillée, vol. III, p. 1457-1461 ; J. M. Valentin, Hercules moriens, Christus patiens. Baldes « Jephtias » und das « Problem des christlichen Stoizismus im deutschen Drama des 17. Jahrhunderts », Argenis, 1978, p. 37-72. Portrait : R. P. Jacobi Balde e Societate Jesu Opera poetica Omnia, Munich, 1729, (vol. I).

Jean-Marie Valentin (1983)