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COLBERT Charles (marquis de Croissy)

1. Intendant d’Alsace (C), (★ Paris 5.8.1629 † Versailles 28.7.1696).

Frère cadet de Jean-Baptiste C. dit le « Grand C. ». A fait une carrière administrative et diplomatique. D’abord intendant de l’armée conduite par le duc de Guise à la conquête du royaume de Naples, puis intendant « de la mer Méditerranée, ports et passages d’icelle », en résidence à Toulon. Comme son frère, il appartint à la clientèle du cardinal Mazarin, qui lui annonça, par lettre du 23.9.1655, sa nomination en Alsace récemment rattachée au royaume de France : intendance de la police et des finances (lettres patentes du 20.11.1655), étendue à la justice (lettres du 23.2.1656). Il avait alors 26 ans et déjà le titre de conseiller du roi. Conseiller au Parlement de Metz, ce qui facilita la création à Ensisheim du Conseil souverain d’Alsace (lettres patentes de Louis XIV datées de Metz de septembre 1657), qui fut inauguré après maintes difficultés le 4.11.1658. Il recouvrait, entre autres, les possessions de Haute-Alsace données par le roi au cardinal Mazarin en récompense de ses services. L’œuvre en Alsace du jeune intendant s’inscrivit sous un seul thème : celui de la reconstruction du pays, dévasté par les terribles épreuves de la guerre de Trente ans, peu enclin à reconnaître le changement de domination entraîné par les traités de Westphalie dont certaines stipulations étaient équivoques. Reconstruction religieuse (élection d’un nouvel évêque de Strasbourg, un Furstenberg succéda aux Habsbourg), juridique par l’établissement du Conseil souverain et les nouvelles procédures : « Suivre en toutes occasions l’exemple des archiducs » ; politique par les relations – difficiles – avec les villes de la Décapole, économique enfin par le retour de la paix, le peuplement (appel aux Suisses), la tentative, de rétablissement des mines et de l’artisanat, la fin des exactions seigneuriales et militaires. A diverses reprises, C. de C. fut chargé de missions à l’extérieur ; en août 1657, il accompagna à Francfort Hugues de Lionne et le comte de Grammont (élection impériale) ; les affaires étaient alors gérées par le sieur Domilliers (instructions du 29.7.1657). En juillet et août 1659, il fit un voyage d’instruction à Ulm, Augsbourg, Munich, Nuremberg et Stuttgart (relation aux archives). En février 1660, C. de C. fut envoyé à la cour de Vienne pour mener les négociations en vue de la paix du Nord (Oliva). Puis, de Dantzig, il partit pour Rome près du pape Alexandre VII (restitutions à opérer par la papauté aux ducs de Parme et de Modène). Pendant ces absences, l’Alsace était administrée par son cousin Charles C., ancien président du présidial de Reims, nommé depuis 1658 procureur général au Conseil souverain d’Ensisheim. De retour en Alsace, il fut chargé de travailler, avec son parent Colbert de Saint-Pouanges, intendant des Trois- Evêchés, à la détermination des limites entre ceux-ci et le duché de Lorraine rendu au duc Charles IV (traité de Vincennes). Bientôt il succéda à son parent et exerça les fonctions d’intendant à la fois dans les Trois Evêchés et en Alsace. Sa résidence, qui a d’abord été Brisach (conflits avec l’autorité militaire) puis Ensisheim où il détint la présidence du Conseil souverain, fut transférée à Metz où siégeait le Parlement. Le conseil d’Ensisheim fut alors remplacé par un Conseil provincial ; les appels ressortissaient à ce Parlement où siégeait le père de Bossuet. C. de C. occupa à Metz une place de président, charge dont il se défit très avantageusement pour acheter une charge de maître de requêtes au Conseil royal. Il fut rappelé à Paris par son frère qui jugeait que le « noviciat administratif et diplomatique » avait assez duré en Alsace. En tant que diplomate et comme ministre des Affaires étrangères (qu’il devint après le départ de Pomponne, 1679), l’activité de C. de C. fut également liée à l’Alsace. Comme diplomate au congrès de Nimègue (1678), il défendit les droits du roi sur l’Alsace, notamment sur les dix villes ; comme ministre, il reprit, dans la politique dite « des Réunions » – souvent attribuée au seul Louvois-, la thèse française de la souveraineté royale sur l’ensemble de la province (divers traités avec les princes possessionnés et capitulation de Strasbourg le 30.9.1681).

 

Lettres du Cardinal Mazarin (publ. par Chéruel et d’Avenel) t. VII, p. 571 ; Lettres, instructions et mémoires de Colbert (publ. par Clément), t. I, p. 365 ; De Boug, Recueil des édits… t. I ; Chr. Pfister, Un mémoire de l’intendant Colbert sur l’Alsace, 1663, Belfort, 1895 ; RA, 1895, p. 196-212 et 291-308 ; Idem, Extraits d’un mémoire de l’intendant C.C. sur les Trois Evêchés (1664), Paris, 1918 ; G. Livet, L’intendance d’Alsace sous Louis XIV, Paris, 1954, p. 175-328 ; Recueil des Instructions aux ambassadeurs... Autriche (publ. par Sorel) p. 41 et 55 ; Rome (publ. par Hanotaux) p. 41 ; Suisse (publ. par G. Livet) t. 1 p. XCIV ; G. Livet, « Colbert de Croissy et la politique française au Congrès de Nimègue », Actes du Tricentenaire du Congrès de Nimègue, Nimègue, 1980.